La maire de Montauban, Brigitte Barèges (Les Républicains, ex-UMP), a été placée mardi en garde à vue à Toulouse, dans le cadre d'une enquête sur un éventuel détournements de fonds publics, concernant "un emploi possiblement fictif", selon le parquet.
Les investigations portent sur un emploi attribué à un employé du service communication à la mairie, Jean-Paul Fourment, qui a lui-même assuré avoir été payé par la collectivité pour écrire des articles favorables à Mme Barèges dans un quotidien local proche de la mairie, Le Petit Journal.
Maire depuis quatorze ans du chef-lieu du Tarn-et-Garonne, l'élue de 62 ans est entendue dans le cadre d'une enquête préliminaire confiée à la police judiciaire de Toulouse.
Le procureur de la République à Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, a précisé dans un communiqué que les faits concernaient "le financement par la municipalité de Montauban d'un emploi possiblement fictif d'un chargé de communication à la mairie".
Mme Barèges a été placée en garde à vue en même temps que trois collaborateurs: son ancien chargé de communication et ex-directeur de campagne pour les municipales de 2014, M. Fourment, son ancien directeur de cabinet, Stéphane Bensmaine, et le directeur du Petit Journal, Alain Paga.
Ils sont poursuivis pour "détournements de fonds publics, complicité et recel de ce délit, faux et usage", selon le parquet.
Mme Barèges, qui récuse toute malversation, avait déjà été entendue dans ce dossier en mars 2014, de son plein gré. Elle avait à l'époque mis en cause "l'absurdité des dénonciations malveillantes - et politiciennes" formulées contre elle "comme par hasard à la veille des élections municipales".
L'enquête avait été ouverte début 2014 après la transmission à la justice d'un volumineux dossier établi par M. Fourment, qui avait été évincé de son poste à la mairie peu de temps avant, après avoir fait l'objet d'une procédure disciplinaire.
- Comptes de campagne refusés -
Embauché en septembre 2012, il a affirmé avoir eu pour tâche pendant des mois de rédiger des articles en faveur de Mme Barèges. M. Fourment travaillait chez lui, sans le moindre bureau à la mairie ni la moindre adresse électronique municipale, mais était rémunéré par la ville environ 3.000 euros brut par mois.
Les articles de M. Fourment visaient surtout à faire pièce au quotidien La Dépêche du Midi de Jean-Michel Baylet, le président du Parti radical de gauche (PRG), avec lequel Mme Barèges est en guerre, selon M. Fourment.
M. Fourment a aussi été pendant quelques mois le directeur de la campagne de Mme Barèges, avant d'être évincé. Il n'avait pas de contrat, assure-t-il.
Le dossier contient notamment des échanges de courriels entre M. Fourment et Mme Barèges, qui l'invite à négocier avec le propriétaire du Petit journal "une rémunération de pigiste symbolique () pour des questions de comptes de campagne".
Dans un dossier judiciaire distinct mais qui concerne également Le Petit Journal, le Conseil d'Etat avait annulé début mai la condamnation à un an d'inéligibilité de Mme Barèges, qui a ainsi conservé son mandat.
L'instance avait reconnu que des fonds de la mairie avaient été utilisés pour assurer une promotion électorale déguisée de Mme Barèges, confortablement réélue en mars 2014 au second tour des municipales, dépassant les 50% malgré une triangulaire.
"De nombreux articles, publiés entre septembre et décembre 2013" dans l'édition départementale du Petit journal, quotidien du Sud-Ouest, "ont valorisé l'action" de la candidate et "ont été payés par la commune de Montauban", soulignait le Conseil d'Etat.
Mais la plus haute juridiction administrative avait estimé que ce manquement ne revêtait pas le caractère de "particulière gravité pour que le candidat soit déclaré inéligible". Le Conseil d'Etat avait cependant rejeté les comptes de campagne de l'élue.
Figure de la droite populaire, souvent attaquée pour des propos jugés homophobes ou racistes, Mme Barèges est présidente départementale des Républicains (ex-UMP).
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