Les positions de la Grèce et ses créanciers sont figées après l'échec d'un nouveau cycle de négociations qui a vu Athènes céder du terrain sur un objectif budgétaire-clef pour mieux se dire ensuite déterminée à "attendre patiemment" des concessions de ses interlocuteurs, malgré l'urgence financière.
Sur un ton offensif, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a pris son parti de l'interruption des pourparlers, dimanche soir, avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international : "Nous attendrons patiemment jusqu'à ce que les institutions (UE et FMI) se rallient au réalisme", a-t-il signifié lundi dans une déclaration écrite au quotidien de gauche Ephimerida ton Syndakton.
Après avoir fait le point avec l'équipe de négociateurs de retour de Bruxelles, le gouvernement s'est dit prêt à retourner "à tout moment" à la table des discussions. Mais tout en considérant, selon le porte-parole du gouvernement, que l'offre grecque est la seule base de négociations possible.
Dimanche, un nouveau cycle de discussions sur la poursuite du financement de la Grèce s'est terminé sur un constat d'échec entre délégations d'Athènes et de ses créanciers, UE et FMI.
Alexis Tsipras a taxé les exigences de ces derniers d'"opportunisme politique" après cinq années de "saccage" de l'économie grecque.
Pourtant, Athènes est, à en croire la Commission européenne et un document publié par le quotidien grec Kathimerini, désormais d'accord sur les objectifs d'excédent budgétaire (hors dette) souhaités par les créanciers pour cette année (1%) et l'an prochain (2%), ce qui était un gros point d'achoppement, les Grecs n'ayant pas voulu, initialement, dépasser 0,6% et 1,5% respectivement.
Mais reste à "évaluer si les engagements pour y parvenir sont crédibles", a souligné lundi une porte-parole de la Commission.
Or, pour l'exécutif européen, qui a chiffré à deux milliards d'euros l'effort supplémentaire nécessaire de la part de la Grèce, le compte n'y est pas dans l'offre grecque.
- Dissensions entre créanciers -
Et le dialogue de sourds continuait. La "balle est indiscutablement dans le camp" de la Grèce, a estimé lundi le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi.
De leur côté, les Grecs imputent l'échec des négociations aux réclamations "irrationnelles" de leurs interlocuteurs internationaux, en particulier du FMI. "Nous n'accepterons pas de mesures qui augmentent la TVA sur les biens d'alimentation de base ou de baisse des retraites", a de nouveau averti le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis.
"C'est un des systèmes de retraites les plus coûteux d'Europe et une réforme fait partie des demandes" des créanciers, a répliqué la Commission, tout en insistant sur le fait que "les institutions n'ont pas demandé une réduction des pensions au niveau individuel".
Pour parvenir à l'objectif d'excédent primaire d'1% du PIB, une réforme des retraites et une hausse de la TVA sont indispensables, avait insisté dimanche le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, qui avait parallèlement invité les gouvernements européens à faire de leur côté un geste sur la dette grecque.
Or, ces derniers, notamment vis-à-vis de leurs électeurs, se refusent à envisager un allègement de cette dette, aussi réclamé par Athènes, et se concentrent uniquement dans l'immédiat sur les réformes censées remettre la Grèce sur les rails.
Des dissensions entre créanciers qui n'arrangent pas les choses.
Aucun rendez-vous entre la Grèce et ses créanciers n'est prévu avant la réunion régulière jeudi des ministres des Finances de la zone euro, où elle sera représentée par le ministre Yanis Varoufakis, peu en cour auprès de ses pairs. Alexis Tsipras pour sa part sera en Russie ce jour-là, pour la deuxième fois en deux mois.
L'échéance du 30 juin, jour de l'expiration du programme d'aide à la Grèce et date-limite pour un remboursement d'1,6 milliard d'euros qu'Athènes doit effectuer au FMI, approche ainsi inexorablement.
En cas de non-remboursement, la Grèce devrait affronter les conséquences d'un défaut de paiement, une première dans la zone euro. "Il existe un risque réel de sortie" de ce pays de l'euro, a estimé lundi le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Margallo, tandis que le porte-parole du gouvernement grec remerciait ses compatriotes pour leur "calme" face à la situation, marquée par une nouvelle forte chute de la Bourse d'Athènes (-4,68%).
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