Plusieurs avocats des prévenus dans l'affaire des paris suspects sur le match de handball Cesson-Montpellier du 12 mai 2012 ont demandé lundi, lors du premier jour d'audience au tribunal correctionnel de Montpellier, l'annulation de toute l'information judiciaire et le renvoi du procès.
"Je ne sais pas si le match était truqué mais l'information judiciaire, elle, est truquée", a lancé à la barre Me Jean-Robert N'Guyen Phung, l'un des avocats des frères Karabatic, qui figurent parmi les seize prévenus. Il a demandé l'audition du magistrat instructeur, Thomas Mendl, actuellement en poste en Corse, et celle des policiers ayant travaillé avec lui.
Selon lui, le juge d'instruction ne leur avait pas communiqué sciemment le contenu d'écoutes téléphoniques avant les mises en examen de leurs clients.
Le procureur Patrick Desjardins a dénoncé pour sa part les "artifices" de la défense pour ne pas comparaître devant le tribunal. "Le procès n'est pas truqué, le dossier n'est pas truqué, ce qui est truqué, on en parlera plus tard", a-t-il affirmé.
Le bâtonnier de Versailles, Me Frédéric Landon, qui défend les intérêts du Serbe Dragan Gajic, a souhaité un supplément d'information, estimant que "l'absence de ces écoutes" au moment de la mise en examen "remettait en cause la loyauté de l'information". Il a dénoncé dans le même temps l'ordonnance de renvoi qui ne prend en considération que "la thèse du parquet".
Il a également contesté le statut de parties civiles de la Ligue nationale de handball (LNH) et le Montpellier agglomération handball (MAHB), qualifiés de "passagers clandestins".
Les avocats des prévenus ont dénoncé, presque d'une même voix, ce qu'ils estiment être des entorses graves au code de procédure pénal et "des atteintes irrémédiables aux droits de la défense".
Parmi les griefs reprochés au juge d'instruction figurent notamment des "réunions hors procédure" ou encore les "tentatives de déstabilisation" du ministère public notamment lors d'une conférence de presse du procureur de la République de Montpellier après les gardes à vue des joueurs.
Lors de cette conférence, le procureur à l'époque, Brice Robin, s'était interrogé sur le "droit au silence" exercé par les joueurs devant les enquêteurs.
"Cela s'appelle une tentative de déstabilisation" et "se traduit par une atteinte irrémédiable aux droits de la défense", a affirmé l'avocat de Primoz Prost, Me Loïc Guérin.
La conférence de presse de M. Robin était "totalement surréaliste", a renchéri Me Marc Gallix, le défenseur du gardien de but Mickaël Robin.
Le procureur Desjardins a rejeté en bloc ces arguments, demandant de les renvoyer "au fond" afin que le procès se tienne. "Tout ça est un faux débat, qui consiste à dire que ce procès ne doit pas avoir lieu. Si, ce procès doit avoir lieu !", a-t-il lancé.
"Vous avez été régulièrement saisi", a-t-il affirmé à l'adresse du tribunal.
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