Une mauvaise manipulation de produits chimiques pour fabriquer des fumigènes utilisés dans un jeu de guerre: c'est la cause "la plus probable" de l'explosion qui a tué trois adolescents et grièvement blessé un quatrième samedi en Haute-Loire, plongeant un village dans la douleur.
Les quatre victimes de 14 à 16 ans ont été prises samedi vers 17H00 dans l'explosion d'une bâtisse abandonnée d'un hameau de Bas-en-Basset (Haute-Loire), où des jeunes avaient l'habitude de se retrouver. Dimanche, le blessé était toujours dans un état grave à l'hôpital de Saint-Etienne.
Adeptes d'un jeu de simulation de combats, l'Airsoft qui se pratique en plein air avec des armes factices, ils manipulaient des produits chimiques dangereux pour se fabriquer des fumigènes artisanaux, une pratique "imbécile conseillée par des gens irresponsables" sur internet, a dénoncé le parquet.
"Des investigations ont permis de découvrir une réplique d'arme de type Airsoft et, sur le point central de l'explosion, des résidus chimiques d'acétone et d'acide chlorhydrique", a indiqué dimanche le vice-procureur du Puy-en-Velay, Yves Dubuy.
Il s'exprimait lors d'un point-presse avec le préfet de Haute-Loire, Denis Labbé, le maire de Bas-en-Basset, Gilles David, et le député-paire du Puy, Laurent Wauquiez (Les Républicains), peu avant une marche blanche dans cette commune de 4.200 habitants.
Quelque 3.000 personnes, selon un journaliste de l'AFP, ont marché jusqu'au centre de secours, les familles des victimes en tête de cortège. Beaucoup portaient des fleurs blanches et des banderoles tenues par des enfants montraient les photographies des victimes. Il n'y a pas eu de prise de parole mais beaucoup de larmes à l'arrivée, les médias étant priés de quitter les lieux.
"C'est un petit village, tout le monde se connaît, donc ça touche la population entière", a confié à l'AFP Christ Armand, un des participants à la marche.
- Apprenti chimistes -
Les deux composants chimiques retrouvés dans les débris servent notamment à fabriquer des fumigènes utilisés dans le cadre du jeu Airsoft, un cousin du Paintball qui se pratique dans la nature avec des répliques d'armes de guerre très réalistes, mais tirant des billes. Ses adeptes sont souvent habillés en tenue militaire.
"On conseille sur internet aux pratiquants de ce loisir de pimenter leurs parties au moyen de recettes, de concoctions pyrotechniques ou fumigènes. Il y a tout lieu de craindre que ces enfants aient été victimes d'un jeu imbécile conseillé par des gens irresponsables", a dénoncé le magistrat, insistant sur le fait que les quatre adolescents, scolarisés dans la ville voisine de Monistrol-sur-Loire, n'avaient aucun antécédent judiciaire.
Instable par nature, le mélange d'acétone et d'acide est par ailleurs "très sensible aux fortes températures": or, samedi, "il faisait très chaud", a souligné M. Dubuy.
Les sites de vente de matériel d'Airsoft sont nombreux sur internet. Les fumigènes sont utilisés pour simuler des explosions ou créer des écrans de fumée afin de lancer une attaque ou pour couvrir une retraite, peut-on y lire.
La pratique de l'Airsoft, qui est ouverte aux mineurs, est encadré par une Fédération qui regroupe plusieurs milliers d'adeptes en France et travaille depuis deux ans à obtenir un agrément pour faire reconnaître ce jeu paramilitaire par les pouvoirs publics.
"Malheureusement on trouve sur internet beaucoup de vidéos qui apprennent à des personnes à faire des fumigènes, voire des bombes artisanales qui sont en général faites avec des produits instables, ce sont des choses qu'on n'encourage surtout à ne pas faire", a réagi dimanche sur BFMTV Benoît Marius, président de la Fédération française d'Airsoft.
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