Une mauvaise manipulation de produits chimiques dangereux pour fabriquer des fumigènes artisanaux, utilisés dans un jeu de guerre en plein air, semble à l'origine de l'explosion qui a tué trois adolescents et en a grièvement blessé un quatrième samedi en Haute-Loire.
Après des investigations toute la nuit sur les lieux du drame à Bas-en-Basset, le vice-procureur de la République au Puy-en-Velay, Yves Dubuy, a fait état dimanche matin de traces "importantes d'acétone et d'acide chlorhydrique" retrouvées dans les débris.
Ces deux produits chimiques servent notamment à fabriquer des fumigènes utilisés dans le cadre d'un jeu de simulation de combat en plein air, "l'Airsoft", dont un pistolet a aussi été découvert à proximité de l'explosion.
Ce jeu est un cousin du Paintball qui se pratique avec des répliques d'armes de guerre réelles, mais tirant des billes. Les adeptes de l'Airsoft sont souvent habillés en tenue militaire quand ils y jouent dans la nature.
Samedi, aux alentours de 17H00, la déflagration a été entendue dans toute cette commune de 4.200 habitants, à 40 km au sud-ouest de Saint-Etienne. Elle provenait d'une bâtisse abandonnée du hameau de Ranchevoux, non loin du bourg, où des jeunes avaient l'habitude de se retrouver.
Arrivés très rapidement sur les lieux, les secours, assistés de la gendarmerie, ont découvert les corps de deux jeunes âgés de 14 à 16 ans. Ils sont pas parvenus à ranimer le troisième et le quatrième adolescent, grièvement blessé, est hospitalisé à Saint-Etienne où il est toujours dans un état grave dimanche.
- Recettes sur internet -
"J'ai eu la surprise de découvrir des recettes complètes sur internet, sur des sites irresponsables de jeu de type +Airsoft+. Ce mélange (d'acétone et d'acide, ndlr) est fréquemment utilisé pour faire des fumigènes, dans un but purement ludique", a souligné le magistrat.
Instable par nature, le mélange semble-t-il utilisé par les victimes et "mal maîtrisé" est "très sensible aux fortes températures", a ajouté M. Dubuy, or samedi "il faisait très chaud". Une information judiciaire a été ouverte pour "recherche des causes de la mort".
"Cela fait des années que des jeunes vont sur les lieux, ils s'y retrouvaient en bande", a raconté à l'AFP le maire de Bas-en-Basset, Gilles David, indiquant qu'il n'était pas au courant de cette pratique de jeu.
Les quatre victimes, domiciliées dans les environs et scolarisées dans la ville voisine de Monistrol-sur-Loire, "sont toutes des jeunes gens sans histoire", "ils ne se sont jamais défavorablement fait connaître de la gendarmerie ou de la justice", selon le vice-procureur.
- Une fédération française d'Airsoft -
Les sites de vente de matériel d'Airsoft sont nombreux sur internet. Les fumigènes sont utilisés pour simuler des explosions ou créer des écrans de fumée afin de lancer une attaque ou pour couvrir une retraite, peut-on lire.
Le jeu, qui est ouvert aux mineurs, est encadré par une Fédération française d'Airsoft (FFA) qui regroupe plusieurs milliers d'adeptes au sein de "comités territoriaux".
"Malheureusement on trouve sur internet beaucoup de vidéos qui apprennent à des personnes à faire des fumigènes, voire des bombes artisanales qui sont en général faites avec des produits instables, ce sont des choses qu'on n'encourage surtout à ne pas faire", a réagi par téléphone, sur BFMTV, Benoît Marius, président de la FFA.
Cette fédération travaille depuis deux ans à obtenir l'agrément "jeunesse et éducation populaire" pour faire reconnaître officiellement l'Airsoft par les pouvoirs publics.
Le préfet de Haute-Loire et le maire du Puy-en-Velay, Laurent Wauquiez, (Les Républicains) devaient se rendre à Bas-en-Basset dimanche après-midi.
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