Sécurité, immigration, éducation et développement: Manuel Valls a fait samedi à Mayotte quelques annonces et a réaffirmé que le tout jeune département faisait partie intégrante de la République, en vue de répondre aux inquiétudes locales.
Du chef-lieu de l'île aux parfums, à Chirongi (Sud), Coconi (centre), partout le Premier ministre, accompagné de Najat Vallaud-Belkacem (Education) et George Pau-Langevin (Outre-mer), a été reçu par des foules de femmes en salouva entonnant des chants traditionnels, dansant au rythme des biwis (bâtons de bambou), et le ceignant de colliers de jasmin.
Si l'accueil a été "chaleureux" pour son premier voyage à Mayotte, comme il l'a lui-même souligné à de multiples reprises, il ne s'est pas trompé sur ce qu'il portait comme "attentes" de la part de la population, très jeune (plus de la moitié a moins de 20 ans), dans un territoire devenu département à marche forcée et aux besoins considérables.
Interpellé par le président du conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani (droite) sur l'insécurité qui "pourrit" la vie des habitants, celui qui fut ministre de l'Intérieur a annoncé l'arrivée en août à Mayotte d'un peloton de gendarmerie supplémentaire (16 hommes) pour faire face à ce "fléau", notant "le niveau inquiétant de la délinquance".
Quant à l'immigration clandestine, qui "fragilise la cohésion de l'île" -- près de 80.000 migrants illégaux seraient sur l'île, qui compte officiellement 212.000 habitants -- , M. Valls a reconnu que, depuis Anjouan (Comores), "les départs de kwassa-kwassa ne cessent pas en dépit des moyens que nous avons déployés (radars, moyens nautiques, effectifs)". Un renforcement de 44 agents pour la police aux frontières en vue de l'ouverture d'un nouveau centre de rétention en septembre a été annoncé.
- 87.000 enfants scolarisés -
"Mayotte c'est pleinement la France et la France est pleinement Mayotte": il a dès ses premières déclarations affirmé l'appartenance du jeune département à la République française et "ancré" encore plus ce DOM via deux documents. D'abord un contrat de plan Etat Région (CPER) pour 2015-2020 a été signé pour permettre d'injecter 378 millions d'euros à Mayotte. "L'Etat y apporte sa plus forte contribution de France, rapportée au nombre d'habitants", soit 880 euros par Mahorais et cinq fois plus que dans le reste du pays, a insisté Manuel Valls.
Ensuite, le document stratégique Mayotte 2025, annoncé l'an dernier lors de la venue du président Hollande, a été signé. Il engage l'Etat et les élus sur une vision partagée du développement économique, de cohésion sociale, de santé, et d'éducation.
Avec 87.000 enfants scolarisés, l'éducation est un défi majeur dans un territoire où presque tous les sujets sont classés "prioritaires".
A Chirongi (sud), devant le chantier de réhabilitation d'une école primaire qui se dote d'une cantine, la maire de la commune Hanima Ibrahima (PS) a dressé aux ministres, stoïques sous un soleil ardent, la longue liste des difficultés: rotation des élèves par manque de classes, élèves mal nourris pour qui la collation scolaire est le seul repas de la journée, sans parler de l'application des rythmes scolaires ou la course "au quantitatif" dans le second degré.
Alors que 10 millions d'euros du ministère des outre-mer sont consacrés chaque année à la construction scolaire, M. Valls a affirmé l'engagement constant de l'Etat, ce qui portera "à 100 millions d'ici 2025" l'argent dédié aux classes du premier degré.
A Coconi, dans l'unique lycée agricole qui draine 300 élèves de toute l'île dont certains doivent se lever à 3h00 du matin pour aller en cours, le Premier ministre a annoncé la création d'un internat mixte de 80 places pour un budget de 5 millions d'euros. Et de deux autres internats dans des lycées à Kawéni et à Dzoumougné, avec des financements Anru, selon le vice-rectorat, qui espère aussi obtenir une enveloppe de 30 millions de cette même Anru pour offrir une restauration scolaire à 35.000 élèves.
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