Ils réclament "la paix", "la liberté", du travail: une centaine de migrants, venus pour la plupart d'Afrique, empêchés par les autorités françaises d'entrer en France à la frontière italienne à Vintimille, demandent pacifiquement qu'on les "laisse passer" pour qu'ils puissent gagner le pays européen de leurs rêves.
Samedi matin, après une deuxième nuit passée sur place, ils ont repris vers 08H00 leur manifestation pacifique face à une dizaine de gendarmes français qui leur bloquent le passage vers la France, sous les yeux des touristes en voiture qui, eux, continuent à traverser la frontière sans souci.
Installés sur une pelouse râpée en bord de mer, ils se lavent dans la Méditerranée, font leurs besoins dans les rochers avoisinants. Parmi eux, une vingtaine de femmes et d'enfants, a constaté un journaliste de l'AFP.
Beaucoup portent des pancartes "We need to pass" ("Nous avons besoin de passer"), "We need freedom" ("Nous avons besoin de liberté") ou encore "Political response from European Union" ("Une réponse politique de l'UE").
Présente, la Croix-Rouge italienne, "en assistance médicale avec un traducteur et une ambulance en cas d'urgence" selon un de ses membres Walter Muscatello, a fait avec son homologue française une distribution de nourriture samedi matin: sur une table, du café, des jus de fruit, des viennoiseries.
Seuls les femmes et les enfants en ont profité. Les hommes, eux, même s'ils ont l'air fatigué, ont choisi de ne pas s'alimenter pour faire pression sur les autorités françaises et italiennes. Le slogan "We don't need food, thanks Italy" ("Nous n'avons pas besoin de nourriture, merci l'Italie") apparaît sur une pancarte.
"Nous refusons de manger", a confié à l'AFP Mustapha Ali, qui se présente comme un Soudanais de 20 ans. "Nous avons passé toute la journée ici hier en pleine chaleur, et la nuit sous la pluie et dans le froid", constate-t-il. "Si nous devons mourir ici, pas besoin de manger"
-"Nous voulons la paix"-
Les migrants présents à la frontière viennent notamment de Somalie, d'Erythrée, de Côte d'Ivoire ou du Soudan, a indiqué à l'AFP un jeune homme disant se prénommer Mohamed et être né au Darfour, au Soudan, en 1992. Lui-même explique être arrivé avec son frère à Catane, en Sicile, et être remonté vers le Nord de l'Italie en car et en train.
Arrivés vendredi à Vintimille, ils ont été arrêtés en France, à la gare de Menton puis reconduits en Italie à pied, a dit Mohamed. "Nous voulons la tolérance pour rester en France", a-t-il expliqué: "Au Darfour, il y a beaucoup de guerres et de violence, on massacre les gens, nous voulons la paix".
"Moi je veux aller en France mais d'autres veulent aller en Suisse, en Allemagne ou en Grande-Bretagne", a-t-il poursuivi. "Je ferais n'importe quel travail tout de suite".
"Pour l'instant, la préfecture italienne n'a pas pris la décision d'ouvrir un camp d'accueil à Vintimille", a précisé M. Muscatello.
Durant les sept derniers jours, un nombre record de 1.439 migrants illégaux ont été interpellés par les forces de l'ordre françaises dans les Alpes-Maritimes, a précisé vendredi le préfet des Alpes-Maritimes Adolphe Colrat. Parmi eux, 1.097 ont été réadmis en Italie.
Selon M. Colrat, la "pression migratoire" à la frontière franco-italienne connaît "depuis quelques jours" un pic supérieur aux semaines records de 2014.
Les migrants venus du Sud de l'Italie, en provenance de Libye, ne cachent pas leur présence dans les gares de Vintimille ou de Nice, ainsi que dans les trains locaux transfrontaliers. Mais jusqu'à présent ils ne s'étaient pas ostensiblement installés en nombre à quelques mètres de la France. Et ils n'avaient jamais organisé de protestation collective dans cette zone frontalière.
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