Saison touristique menacée, vie quotidienne chamboulée, étape du Tour de France en sursis Depuis deux mois, un glissement de terrain bloque la route Grenoble-Briançon, isolant toute une vallée et suscitant la colère des habitants.
Vendredi, une petite centaine de manifestants se sont rassemblés sur les deux rives du lac du Chambon (Isère), armés de pelles et de pioches, pour montrer leur exaspération face au manque de considération dont ils s'estiment victimes.
"On est dégoûté de tout, on est fataliste. Faut plus me parler de l'Etat, de la République. J'ai envie de couper des têtes", s'énerve Alain Berthet, entrepreneur en travaux publics à La Grave (Hautes-Alpes).
La RD 1091, qui passe à flanc de montagne au-dessus du lac, est fermée à la circulation depuis le 10 avril, en raison des risques d'effondrement de la voûte d'un tunnel.
"Il y a un très gros glissement de terrain, d'un million de mètres cubes, qui avance très vite, de l'ordre d'un centimètre par jour: la montagne tombe dans le lac", explique Bernard Perazio, vice-président du département de l'Isère chargé de la voirie.
D'habitude, il passe 2.700 véhicules par jour en moyenne sur cette route qui permet de rejoindre l'Italie depuis Grenoble, le long de la vallée de la Romanche, un des berceaux de l'hydroélectricité française. Mais depuis deux mois, le trafic est quasi inexistant, au grand dam des riverains dont beaucoup vivent du tourisme engendré par cet axe routier important, très prisé par les cyclistes.
"Ce sont des chiffres d'affaires à zéro, des gens qui ne savent plus comment ils vont payer leurs charges", regrette Jean-Pierre Sevrez, maire de La Grave, village isolé par la fermeture du tunnel.
"L'économie est organisée autour d'un axe Lyon-Italie. Et quand l'artère est bouchée, c'est l'asphyxie, la crise cardiaque", ajoute-t-il.
Pour rejoindre Briançon et les stations des Hautes-Alpes, le chemin le plus court passe désormais par l'Italie via le tunnel du Fréjus, en Savoie. Avec des temps de trajets nettement allongés.
- Navette fluviale -
Un service de navette fluviale bien a été mis en place sur le lac pour les riverains. Mais il les oblige à avoir un véhicule sur chaque rive.
Odile Martin-Cocher, monitrice d'escalade de La Grave, doit se rendre trois fois par semaine près de Grenoble. Elle envisage ainsi d'acheter un troisième véhicule "parce que mon compagnon a besoin du sien", dit-elle.
Quand ses cours tombent en dehors des horaires de fonctionnement de la navette, elle doit contourner le lac, à pied par un sentier, à la seule lumière de sa lampe frontale. "J'ai deux enfants en bas âge. La vie de famille est perturbée, c'est hyper stressant", confie-t-elle.
Initialement, le tunnel était censé rouvrir le 15 juin mais la date a été repoussée au 10 puis au 20 juillet. Le département de l'Isère promet désormais un calendrier précis pour lundi prochain.
"On n'a pas de solution technique à court terme", reconnaît Bernard Perrazio. Pour éviter de mettre des vies en danger, les travaux dans le tunnel se font avec des engins télécommandés. La partie de la voûte endommagée a ainsi été détruite par micro-minage cette semaine. Mais "on ne connaît pas le temps de confortement des rochers", explique l'élu.
Lundi dernier, une délégation d'élus s'est rendue à Paris pour demander l'assistance de l'Etat. Elle en est revenue notamment avec la promesse d'une mission d'expertise pour étudier "la viabilité d'un pont flottant", une demande des habitants qui aimeraient voir l'armée venir à leur secours.
A terme, c'est toute la saison estivale qui est menacée, dont son point d'orgue, le passage du Tour de France samedi 25 juillet, pour l'étape Modane-L'Alpe d'Huez via le col du Galibier.
"Il n'y a pas de plan B", reconnaît Thierry Gouvenou, directeur de course chez ASO, l'organisateur du Tour. "Nous attendons la décision des autorités qui nous ont dit que les travaux seraient terminés pour le Tour".
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