La zone euro a discuté de la possibilité d'un défaut grec, jusqu'ici tabou, si les discussions entre Athènes et ses créanciers n'aboutissent pas dans les jours qui viennent et conduisent le pays, à court d'argent, à ne pas rembourser le FMI à la fin du mois.
L'évocation de ce scénario a fait chuter la Bourse d'Athènes, qui a perdu près de 6% vendredi.
"Nous devons évaluer toutes les possibilités, mais j'espère que les autorités grecques vont prendre la mesure de la situation", a déclaré à l'AFP Rimantas Sadzius, le ministre lituanien des Finances, confirmant que cette hypothèse a été mise sur la table.
"Un défaut (grec) est en discussion", mais ce n'est pas la même chose qu'un "Grexit", terme désignant une sortie de la zone euro, a confirmé une autre source européenne. "C'est pour se préparer au pire des cas", a renchéri une autre source.
Ce scénario a été étudié, ce qui serait une première dans la zone euro, lors d'une réunion préparatoire de l'Eurogroupe, jeudi et vendredi à Bratislava (Slovaquie).
Le 30 juin, Athènes doit rembourser 1,6 milliard d'euros de prêts du FMI et des doutes subsistent sur sa capacité financière à honorer cette échéance sans le déblocage de 7,2 milliards d'euros restant à verser dans le cadre de son plan d'aide en cours depuis 2012. Or, le versement de cette aide dépend de la mise en place de réformes sur lesquelles Athènes et ses créanciers, UE et FMI, s'écharpent depuis près de quatre mois.
Parmi les points durs de la négociation figurent la réforme des retraites, la hausse à 23% de la TVA sur l'électricité et le niveau de l'excédent primaire budgétaire, qui conditionne le montant des économies à réaliser par le pays.
Mais Athènes, dont le plan d'aide expire également le 30 juin, veut également s'assurer plus de financement au-delà de cette date, et notamment un accès à des fonds non utilisés, comme celui pour les banques (10,9 milliards d'euros). Les autorités grecques veulent aussi un engagement des créanciers à discuter d'une restructuration de la dette, qui devrait s'établir à 180% cette année.
- "Négocier au finish" -
Dans l'immédiat, les créanciers se concentrent uniquement sur le déboursement de la tranche d'aide en suspens et les conditions qui y sont associées. "Les prérequis techniques" d'un accord sont d'ailleurs en place, selon Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne qui a constaté "beaucoup de progrès" dans les discussions.
Les discussions en vue d'un compromis se sont accélérées ces derniers jours. Le Premier ministre Alexis Tsipras a rencontré successivement à Bruxelles la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande. Il s'est entretenu jeudi avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui joue volontiers le médiateur.
Mais Bruxelles a le sentiment que le gouvernement grec souffle le chaud et le froid: "à chaque fois, la réalité encourageante des travaux techniques est en décalage avec des déclarations et postures politiques forcément plus dures", constate une source européenne proche des discussions qui a son avis sur la méthode Tsipras: "négocier au finish dans un sommet".
Ces interminables tractations semblent avoir lassé les Allemands, selon un sondage publié vendredi. Ils se disent pour la première fois, à une courte majorité de 51%, favorables à une sortie de la Grèce de la zone euro.
Pour les créanciers, la balle est plus que jamais dans le camp d'Athènes, qui doit accepter de nouvelles concessions même si elles sont difficiles à mettre en oeuvre dans un pays déjà frappé par le chômage de masse et l'austérité. Mais à Athènes, on attend au contraire que le "geste décisif" vienne des créanciers.
Si des nouvelles mesures de rigueur semblent à l'étude, aucune proposition formelle n'a été présentée. "Nous n'avons rien vu. Ce que nous attendons est que la Grèce présente des contre-propositions solides et crédibles", a souligné un proche des négociations.
L'idéal serait un accord d'ici jeudi prochain. "Si les Grecs travaillent ce week-end et envoient une proposition lundi, ça peut fonctionner. S'ils envoient une proposition mercredi (?), ce sera forcément beaucoup plus compliqué", commente une source européenne. Pour le ministre grec de la Défense Panos Kammenos, c'est "le 18 juin ou jamais" qu'un accord doit être scellé.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.