Une frappe aérienne de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite a touché vendredi la vieille ville de Sanaa, faisant cinq morts et détruisant des habitations dans ce secteur classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité.
L'Unesco a aussitôt condamné ce raid, le premier à toucher directement le Vieux Sanaa depuis le lancement le 26 mars de la campagne aérienne contre les rebelles chiites Houthis et leurs alliés, selon des habitants.
La directrice générale de l'organisation onusienne basée à Paris, Irina Bokova, s'est dite "profondément affligée par les pertes de vies humaines et les dommages infligés à l'un des plus anciens joyaux de l'urbanisme islamique au monde".
"Cette destruction ne va qu'exacerber la situation humanitaire et je réitère mon appel à toutes les parties à respecter et protéger l'héritage culturel du Yémen", "symbole d'une histoire millénaire" qui "appartient à toute l'humanité".
Le directeur de l'Organisation générale pour la préservations des cités historiques du Yémen, Naji Saleh Thawaba, a déclaré à l'AFP qu'il n'aurait "jamais imaginé que ce site pourrait un jour devenir une cible. Même s'il y avait des (positions) ennemies dans la zone, cela ne devrait jamais être une cible pour les raids aériens".
Un missile tiré par un avion a chuté avant l'aube sans exploser dans le quartier de Qassimi, situé dans une zone qui comprend des milliers de maisons vieilles de plusieurs siècles, selon un journaliste de l'AFP et des témoins.
La chute du missile a démoli des maisons de trois étages et tué cinq personnes, dont une femme et un enfant, ont indiqué des sources médicales et des témoins.
L'objectif du raid n'était pas clair, avec des affirmations contradictoires d'habitants sur le fait que des rebelles occupaient ou non l'une des maisons visées.
Édifiée dans une vallée au milieu des montagnes à 2.200 mètres d'altitude, Sanaa était au VIIe et VIIIe siècles un important centre de propagation de l?islam. On y décompte 103 mosquées, 14 hammams et quelque 6.000 maisons, dont des maisons-tours ou d'autres en pisé, construites avant le XIe siècle.
En mai, l'Unesco s'était alarmée des "sérieux dégâts" causés par des bombardements à Sanaa et avait appelé "toutes les parties en présence à tenir le patrimoine culturel hors de portée des conflits".
- Plus de 2.500 morts -
L?Unesco a déjà exprimé sa préoccupation après un bombardement ayant endommagé le 31 mai le barrage de Marib, où d'anciennes inscriptions datant du royaume de Saba auraient été endommagées sur ses murailles. Quelques jours plus tôt, le musée de Dhamar, qui abritait quelque 12.500 pièces historiques, avait été totalement détruit.
Partis de Saada, leur fief dans le nord du Yémen, les Houthis ont pris le contrôle de la capitale en septembre 2014, puis de vastes régions du nord, de l'ouest et du centre. Ils ont ensuite avancé vers le sud, poussant le président Abd Rabbo Mansour Hadi à fuir Aden, où il s'était réfugié, pour s'exiler en Arabie saoudite.
C'est pour stopper leur avancée que la coalition a lancé sa campagne de raids fin mars.
Ses avions ont également frappé ces dernières heures des positions et dépôts d'armes appartenant aux rebelles et à leurs alliés -- des forces restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh -- à Sanaa ainsi que dans la province pétrolière de Marib.
Le conflit au Yémen a fait 2.584 mors et 11.065 blessés, a indiqué vendredi un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dont le bilan a été établi le 7 juin. L'OMS ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a par ailleurs procédé à sa première évacuation de migrants bloqués au Yémen par bateau, et non plus uniquement par avion.
Un groupe de 200 Ethiopiens ont été transportés mercredi à bord de deux navires jusqu'au port d'Obock à Djibouti, d'où ils devraient rejoindre leur pays par autocar, a annoncé l'OIM.
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