Bakou s'apprête à frapper vendredi soir les trois coups marquant l'ouverture des premiers Jeux européens de l'histoire, visés par les critiques des militants des droits de l'Homme contre "l'atmosphère de répression" en Azerbaïdjan et marqués jeudi par la blessure sérieuse d'une nageuse autrichienne.
La cérémonie d'ouverture, dont les détails ont été tenus secrets par les organisateurs, est programmée à 21h00 locales (18h00 françaises, 16h00 GMT).
Elle sera présidée par le président Ilham Aliev, qui dirige ce pays riche en hydrocarbures depuis 2003 après avoir succédé à son père, et par Thomas Bach, le président du Comité international olympique (CIO), représenté par une soixantaine de membres à Bakou.
A Bakou, dont le front de mer sur les bords de la Caspienne est largement pavoisé, le "show" aura lieu au stade olympique, une arène de 66.000 places, l'un des 18 sites construits pour les Jeux et entouré d'une forte présence policière vendredi.
Quelque 6.000 athlètes participeront jusqu'au 28 juin et dans 20 disciplines à ces tout premiers Jeux européens.
Vitrine rêvée de l'Azerbaïdjan pour afficher les ambitions olympiques du pays et se rapprocher de l'Europe, ce rendez-vous continental intervient dans un contexte très particulier.
Ilham Aliev doit affronter les critiques des militants des droits de l'Homme, désireux de mettre en lumière les abus d'un régime où journalistes, opposants et défenseurs des droits de l'Homme sont régulièrement emprisonnés.
- L'OSCE mise hors-jeu -
"Derrière l'image d'une nation moderne et ouverte, l'Azerbaïdjan est un Etat où la critique des autorités est chaque jour frappée par la répression", a écrit Amnesty International dans un rapport intitulé "Azerbaïdjan : les Jeux de la répression" qui a valu aux représentants de l'ONG d'être déclarés personae non gratae dans la petite république du Caucase jusqu'à la fin des compétitions.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a reçu quant à elle, le 5 juin, une lettre du gouvernement azerbaïdjanais lui donnant "un mois à partir du 4 juin" pour fermer son bureau de Bakou.
"Le pays se développe rapidement et nous avons décidé qu'il n'y avait plus besoin d'un bureau de l'OSCE à Bakou", a justifié jeudi devant la presse le vice-ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Araz Azimov.
La lettre du gouvernement azerbaïdjanais est cependant arrivée deux jours après la publication sur le site openDemocracy d'une tribune cosignée par Dunja Mijatovic, la représentante de l'OSCE pour la liberté des médias, dénonçant "la brutalité des méthodes d'intimidation, de harcèlement et d'obstruction utilisées par les autorités azerbaïdjanaises".
L'ONG Human Rights Watch (HRW), qui dénonce "une atmosphère de répression sans précédent dans l'ère post-soviétique", a dénombré au moins 35 défenseurs des droits de l'Homme, militants politiques et de la société civile, journalistes et blogueurs emprisonnés à la suite d'"accusations bidon".
- Délivrer une 'information vraie' -
"La répression du gouvernement rend ces Jeux européens historiques pour de mauvaises raisons", a assuré dans un communiqué Rachel Denber, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à HRW.
Le monde sportif est pourtant resté silencieux. Seul le Comité olympique allemand (DOSB) a rejoint l'appel lancé par Michel Forst, le rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des défenseurs des droits de l'Homme, pour que l'Azerbaïdjan libère ses "prisonniers politiques".
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