Jean-Marie Le Pen conteste vendredi devant la justice sa suspension du Front national par les instances dirigeantes du parti qu'il a cofondé, qui se réunissent au même moment pour évoquer la suppression de son titre de président d'honneur.
M. Le Pen, bientôt 87 ans, est arrivé vers 10H00 au tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour cette audience qui vise à trancher dans l'urgence un litige sur le fond.
"Je crois qu'il ira jusqu'au bout", "il est confiant, il est serein, il est combatif comme à l'accoutumée", a déclaré son avocat, Me Frédéric Joachim, avant d'entrer dans la salle d'audience.
Jean-Marie Le Pen, encadré par des policiers et son service d'ordre, n'a pas souhaité faire de commentaires aux nombreux journalistes présents sur place, dans un climat électrique, marqué par de violentes bousculades. Une journaliste de l'AFPTV a été interpellée lors de ces incidents.
Le chef historique du FN pendant près de 40 ans conteste sa suspension en tant qu'adhérent, prononcée le 4 mai lors d'un bureau exécutif, la plus haute instance du parti d'extrême droite, ainsi que la "privation de ses droits" en tant que président d'honneur qui en a découlé.
Marine Le Pen avait fait adopter cette décision après une nouvelle salve de provocations début avril de celui qui a cofondé le FN en 1972, guère nouvelles sur le fond: répétition de sa vision plusieurs fois condamnée par la justice des chambres à gaz, "détail" de l'Histoire, défense du maréchal Pétain, du "monde blanc" et critique en règle de la démocratie.
La présidente du FN avait aussi annoncé un congrès extraordinaire, qui se déroulera en juillet par courrier.
Objectif du congrès, selon Florian Philippot, l'un des vice-présidents du parti: "Moderniser les instances", "rationaliser les statuts" mais surtout en "supprimer la présidence d'honneur" dont "le Menhir" jouit depuis 2011, qui le rendait membre de droit de toutes les instances internes, à vie selon lui.
D'autres membres du bureau exécutif ont dit à l'AFP ne pas savoir si la suppression de la présidence d'honneur des statuts était tranchée.
Non loin du tribunal de Nanterre, au siège du parti, un bureau politique prévu dans la matinée doit fixer l'ordre du jour du congrès et notamment aborder cette question de la présidence d'honneur.
- "Stratégie d'étouffement" -
M. Le Pen accuse le FN, son numéro 2 Florian Philippot en tête, de vouloir le "museler" avant le vote de ses 42.000 adhérents, et craint que sa suspension n'influence le cours du scrutin.
"L'étouffement est une stratégie qui a pour but de ne pas lui permettre de se défendre à l'occasion de la tenue du congrès", a dénoncé Me Joachim.
Son client demande à la justice d'annuler sa suspension, qu'il juge contraire aux statuts du parti, et de reconnaître qu'"en tout état de cause", elle ne peut le priver de sa présidence d'honneur. S'il devait rester privé du "libre exercice" de ces prérogatives, il demande au tribunal d'infliger au FN une astreinte de 10.000 euros par infraction constatée, selon l'assignation.
Pour les proches de Marine Le Pen comme Florian Philippot et le trésorier Wallerand de Saint-Just, le sort de la présidence d'honneur de Jean-Marie Le Pen est de toute manière scellé, quels que soient ses recours: le congrès, une base militante acquise à la cause de la présidente du parti, devrait en effet suivre l'avis des instances du FN.
Vendredi matin, Marine Le Pen a déclaré sur LCI et Radio Classique n'avoir "aucune crainte" quant à l'offensive engagée par son père, estimant que son cas est "déjà réglé" dans l'esprit des militants et que la procédure de suspension était "parfaitement régulière".
Jean-Marie Le Pen "s'inclinera devant l'expression populaire du vote des adhérents", assure son conseil dans l'assignation, prévenant toutefois qu'elle devra "intervenir dans des conditions véritablement démocratiques".
Reste la question de son adhésion au FN. Jean-Marie Le Pen pourrait en redevenir adhérent une fois le congrès passé.
"Je ne crois pas que ce soit une journée décisive pour le Front national", a assuré Marine Le Pen. "Le Front national va très bien, il est tout à fait en cohésion avec lui-même, il est déjà en campagne pour les régionales".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.