Adieu cercles aux relents d'Al Capone mais toujours pas de machines à sous: le gouvernement a écarté l'ouverture de casinos à Paris, face à la fronde des élus, mais veut moraliser la profession en créant des "clubs londoniens".
C'était un serpent de mer mais il prenait vigueur face à la vague de scandales judiciaires qui ont vu les cercles de jeux de la capitale disparaître les uns après les autres.
Pourquoi ne pas créer à Paris un ou des casinos, une vraie manne financière? Et s'aligner sur les principales capitales européennes qui en sont quasiment toutes dotées à l'exception notable de Rome.
Las, le gouvernement a écarté l'idée à la faveur des conclusions de la "mission de réflexion" confiée en février au préfet Jean-Pierre Duport - un spécialiste, déjà président de la Commission supérieure des Jeux - par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et rendues publiques vendredi.
La mission qui devait faire des propositions "pour une nouvelle offre légale de jeux à Paris", à la suite des scandales, a dit oui aux casinos dans une première hypothèse. Et oui aussi, dans une seconde, à la création de "clubs" de jeux, un peu dans l'esprit de ceux existant à Londres, bien encadrés et très "select". Qui l'ont emporté au gouvernement.
M. Cazeneuve, a dit l'Intérieur lors de la présentation du rapport Duport à la presse, a une "position pragmatique" et "veut avancer" dans la moralisation des cercles. Il "penche pour la seconde hypothèse" et va engager, a-t-il dit, un "calendrier avant l'été" pour que les clubs soient opérationnels début 2016.
La mission Duport préconise que ces clubs soient des sociétés commerciales, soumises à un régime fiscal "s'inspirant de celui des casinos". Une différence de taille avec les cercles fonctionnant depuis 1947 en association de type loi 1901 et favorisant des abus, selon différents rapports officiels.
- Pas la "tasse de thé" d'Anne Hidalgo -
En avril, le gouvernement et la mission Duport avaient semblé marquer leur intérêt pour l?ouverture "d'un ou plusieurs casinos" à Paris. Mais elle a rencontré, ainsi que le souligne la mission Duport qui a vu ses groupes politiques, un "enthousiasme limité" de la Ville de Paris.
La maire (PS) Anne Hidalgo avait publiquement déclaré ne pas être "demandeur"; ce n'était pas sa "tasse de thé". La cheffe de l'opposition Nathalie Kosciusko-Morizet - qui n'a pas souhaité rencontrer M. Duport, selon celui-ci - était contre, accusant la gauche de l'envisager "strictement pour des raisons financières".
"Nous avons écouté tout le monde", a dit le préfet Duport, "c'est à la Ville de Paris de décider" et "de demander (son) classement en station de tourisme" si elle veut un casino.
Autre écueil à son ouverture, de possibles répercussions économiques, envisagées par la mission Duport qui prévoit des compensations financières, pour ceux proches de la capitale à Enghien-les-Bains (Val d'Oise) et Forges-les-Eaux (Seine-Maritime).
"Je n'ai pas changé d'avis", a plaidé M. Duport en réponse à un possible "revirement". "Nous avons rempli notre mission d'écouter tout le monde, de renforcer le contrôle de l'Etat, de trouver une solution offrant les meilleures garanties", se réjouit-il.
Il se targue également d'avoir proposé la suppression de la loi de 1920 qui interdit d'exploiter des salles de jeux à moins de cent kilomètres de Paris (sauf pour les stations thermales). Pour lui, le "débat est ouvert" et "doit avoir lieu".
Si un casino "était implanté à Paris", relève aussi la mission dans son rapport, une simulation précise que "l'Etat récupérerait, après crédit d'impôt, 45,6 millions d'euros".
Entre affairisme et banditisme, lieux mythiques de la nuit parisienne depuis plus de soixante ans, les cercles de jeux parisiens sont dans la tourmente. Depuis 2008, huit ont été fermés sur les dix que comptait Paris.
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