L'homme d'affaires américano-brésilien David Neeleman a remporté jeudi la course à la privatisation de 61% du capital de la compagnie aérienne nationale portugaise TAP, aux dépens du magnat sud-américain German Efromovich qui avait déjà échoué lors d'une première tentative fin 2012.
La décision a été prise en Conseil des ministres par le gouvernement portugais de centre droit, qui parvient ainsi à boucler un chapitre particulièrement épineux de son programme de privatisations à seulement quatre mois des élections législatives.
Le consortium vainqueur, composé par M. Neeleman et le Portugais Humberto Pedrosa, patron du groupe de transport routier et ferroviaire Barraqueiro, était "celle qui offrait le plus d'argent, le plus vite, afin de permettre à la TAP de faire face à ses problèmes de trésorerie", a expliqué le secrétaire d'Etat aux Transports Sérgio Monteiro.
Le consortium Gateway a fait une offre globale chiffrée par le gouvernement à "au moins 354 millions d'euros", un montant qui comprend 338 millions d'euros pour recapitaliser l'entreprise, 10 millions d'euros à verser à l'Etat dans l'immédiat, puis le prix de l'option de vente sur le capital restant d'une entreprise qui était 100% publique.
Le montant total de l'opération "peut atteindre les 488 millions d'euros en fonction de la performance de l'entreprise en 2015", a précisé la secrétaire d'Etat au Trésor, Isabel Castelo Branco.
- Une dette d'un milliard d'euros -
Fin connaisseur du secteur de l'aviation, M. Neeleman a notamment fondé la compagnie américaine à bas coût JetBlue en 1999, puis la brésilienne Azul en 2008. Avec 21 millions de passagers et plus d'une centaine de destinations desservies en 2014, Azul se présente comme la troisième compagnie aérienne du Brésil.
L'exécutif portugais a écarté la proposition de son seul concurrent, German Efromovich. C'est un deuxième revers pour le propriétaire de la compagnie colombienne Avianca qui, seul en lice en 2012, n'avait pas réussi à apporter les garanties bancaires nécessaires pour remporter la mise.
Suite à cet échec, le gouvernement portugais avait lancé un nouvel appel d'offres en novembre, afin de se défaire de 66% du capital du groupe TAP, dont 5% réservés aux salariés. L'Etat conserve pendant deux ans une option de vente sur les 34% restant.
Endetté à hauteur d'un milliard d'euros, le groupe avait creusé ses pertes à 85,1 millions d'euros en 2014. A elle seule, la compagnie nationale a accusé une perte de 46 millions d'euros après cinq années de bénéfices, en raison de coûts liés au retard de livraison de nouveaux avions et à plusieurs grèves.
Première compagnie européenne pour les liaisons avec le Brésil, la TAP a pourtant transporté l'an dernier un nombre record de passagers, soit 11,4 millions de personnes vers 84 destinations dans 35 pays.
- Vente contestée -
Le groupe TAP comprend également la compagnie régionale Portugalia, une filiale d'entretien aéronautique au Brésil, largement déficitaire, et 49,9% du bagagiste Groundforce.
Le gouvernement de centre droit a toujours défendu la privatisation comme la meilleure solution pour la TAP en faisant valoir que, d'après les règles européennes de la concurrence, l'Etat portugais ne peut être autorisé à recapitaliser le groupe qu'en restructurant l'entreprise.
"Si la privatisation n'a pas lieu, l'alternative est une restructuration, qui passera nécessairement par des licenciements collectifs et une réduction des destinations desservies", s'inquiétait en mai le Premier ministre Pedro Passos Coelho.
Loin de faire l'unanimité au Portugal, l'opération risque à l'avenir d'être mise en cause par la justice, déjà saisie par un mouvement de citoyens opposés à la privatisation. L'opposition socialiste menace également de revenir sur ce dossier en cas de victoire aux élections législatives prévues à l'automne.
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