Le Parlement européen a joint sa voix jeudi au concert de pressions exercées sur la Fifa, engluée dans un scandale de corruption sans précédent, en appelant au départ immédiat de son président démissionnaire Joseph Blatter.
Les eurodéputés ont voté à une très large majorité, à main levée, pour ce texte au ton vif à l'encontre de l'instance dirigeante du football mondial, préparé conjointement par les sept groupes politiques de l'assemblée, réunie en session plénière à Strasbourg.
Ils se félicitent "de la démission de Joseph Blatter de la présidence de la Fifa ainsi que des enquêtes pénales en cours", en Suisse comme aux Etats-Unis. Mais ils demandent à l'organisation de choisir "un président provisoire approprié pour (le) remplacer immédiatement".
Blatter, bien que démissionnaire, devrait en effet rester en poste jusqu'à l'élection de son successeur, qui n'est pas prévue avant fin 2015. Or, a estimé le Parlement dans sa résolution censée exercer une pression politique, la Fifa a besoin de "crédibilité" pour mener des "réformes urgentes nécessaires".
Le Suisse, âgé de 79 ans, a été réélu fin mai à Zurich pour un cinquième mandat en plein scandale mondial de corruption. Mais il a annoncé quatre jours plus tard sa démission quelques heures à peine après de nouvelles accusations visant cette fois son bras droit, le Français Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa.
- La Fifa est 'malade' -
Depuis, l'étau n'a de cesse de se resserrer autour de lui, à mesure que sont apparues de nouvelles affaires de corruption au sein de l'organisation, dont les eurodéputés ont fustigé "la corruption systémique et abjecte".
L'instance dirigeante du football mondial a fait savoir mercredi que la date du congrès extraordinaire durant lequel sera élu le successeur de Joseph Blatter serait annoncée en juillet, à l'issue d'un comité exécutif.
Ce congrès électif doit se dérouler entre décembre 2015 et mars 2016, selon Domenico Scala, qui supervise la procédure électorale de la Fifa.
La Fifa "est malade et sa maladie est due à sa classe dirigeante actuelle", a lancé le député espagnol Santiago Fisas Ayxela, qui s'exprimait au nom du PPE (droite), lors du débat au Parlement.
Avec Blatter, "elle a perdu une tête", a estimé au nom des socialistes la députée allemande Petra Kammerevert, comparant l'organisation à l'Hydre à plusieurs têtes de la mythologie grecque. "Mais la question demeure de savoir comment cela va se poursuivre", a-t-elle ajouté.
- 'Quasi-dictatoriale' -
Le commissaire européen chargé du Sport, Tibor Navracsics, qui assistait aussi au débat, a lui estimé que, dans "dans sa forme actuelle", la Fifa "n'était plus en mesure de diriger le football international".
Dans sa résolution, le Parlement européen a aussi salué le rôle joué par "le journalisme d'investigation qui a fait naître de graves soupçons" sur l'ampleur de la corruption qui gangrène la direction du football mondial.
Il a appelé à la mise en place de "processus décisionnels ouverts, équilibrés et démocratiques" au sein de la Fifa.
Dans un entretien accordé mercredi à l'AFP, Mark Pieth, professeur de droit à l'Université de Bâle (Suisse), a qualifié de "quasi-dictatoriale" la façon dont est dirigée l'instance sportive.
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