Plusieurs milliers d'agents des hôpitaux de Paris étaient une nouvelle fois dans la rue jeudi, cette fois-ci en route vers l'Elysée pour que le président Hollande interfère dans le dossier des 35 h, dans "l'impasse totale" selon les syndicats.
"Retrait, Retrait" de la réforme du temps de travail, scandaient les manifestants partis en fin de matinée du siège parisien de l'institution hospitalière en direction du palais présidentiel. "Martin tu vas trop loin, les RTT ce n'est pas un besoin c'est une nécessité", pouvait-on lire sur des dossards, à l'adresse du directeur général de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, pour cette troisième journée de grève depuis fin mai.
"Les RTT nous soulagent un peu, nous servent à avoir une vie de famille, c'est difficile avec nos horaires décalés", témoigne Valerie Dastout, infirmière en psychiatrie à Paul Brousse. M. "Hirsch ne propose aucune compensation, alors qu'on n'a jamais été aussi mal au travail. On travaille auprès de gens en grande souffrance, on a besoin de souffler", raconte-t-elle.
Alors que la direction espérait clôturer le 18 juin les négociations sur un réaménagement du temps de travail des 75.000 agents non médicaux, le dialogue est au point mort selon l'intersyndicale (CGT, SUD, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC et Unsa) qui avait appelé à cette nouvelle grève.
Le taux de grévistes était jeudi de 21,5%, selon la direction, après respectivement 34% et 24,34% les 21 et 28 mai.
Si Martin Hirsch a reçu à plusieurs reprises la "confiance" de la ministre de la Santé Marisol Touraine, il semble avoir perdu celle des syndicats qui en appellent désormais à François Hollande.
L'intersyndicale souhaite "une inflexion de la politique du gouvernement sur l'hôpital" auquel sont demandés 3 milliards d'économies d'ici à 2017, résume Jean-Marc Devauchelle (représentant SUD).
"Nous demanderons aussi qu'une nouvelle feuille de route soit donnée à Martin Hirsch", en tout cas "nous ne souhaitons plus discuter avec lui", ajoute-t-il.
- Il faut des "moyens humains" -
Dès la présentation de ses projets sur l'organisation du temps de travail fin avril, justifiés selon lui par les contraintes budgétaires et la nécessité de s'adapter aux évolutions technologiques, M. Hirsch s'est heurté à un front syndical, qui l'a contraint a retiré le document de travail initial.
Il vient de mettre sur la table de "nouvelles bases de dialogue" avec la promesse de "ne pas descendre en dessous de 15 RTT".
Actuellement, plus de 60% des agents travaillent 7h36 (38 heures/semaine) ou 7h50 (39h10) par jour, et disposent de 18 à 20 jours de RTT par an, auxquels s'ajoutent des journées propres à l'AP-HP.
Parmi les nouveaux schémas horaires "possibles" avancés par la direction, et nécessaires, selon elle, pour préserver 4.000 emplois, le travail en 7h30 sera "la référence de jour", et le travail en 7 heures "réservé aux contractuels de courte durée".
Le travail en équipe sera par ailleurs repensé, l'emploi précaire résorbé, la formation professionnelle développée, assure la direction.
Les agents ne croient pas au raccourcissement des horaires quotidiens: "On va devoir faire le travail en 7h30 au lieu de 7h50, alors qu'on fait souvent des heures sup' gratuitement. On a besoin de repos, pour la qualité des soins", témoigne Jehanne, infirmière à Saint-Louis.
"Avec nos hôpitaux publics, on est l'un des pays les mieux classés au monde, il faut qu'on reste une référence, avec des moyens humains", fait valoir pour sa part Edouard, un manipulateur en radiologie de Tenon.
Sur le terrain, les tensions sont palpables depuis plusieurs semaines. Assemblées générales ou interpellations des élus ponctuent le quotidien d'une partie des 38 établissements de l'institution.
"Il va falloir dialoguer, sinon on risque un conflit dur", prévient une cadre de la CGT selon laquelle "d'autres ranc?urs peuvent se greffer et créer un très gros mouvement dans la santé". Trois fédérations syndicales du secteur de la santé et de l?action sociale, CGT, FO et SUD, appellent d'ailleurs à une journée d'action le 25 juin pour "l?abandon de toutes les mesures d?économies qui asphyxient les établissements et les services".
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