La Grèce et ses principaux interlocuteurs ont renoué le dialogue au plus haut niveau mercredi à Bruxelles, faisant renaître l'espoir d'un déblocage des discussions en vue de parvenir enfin à un accord entre Athènes et ses créanciers.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'entretenait mercredi soir avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, en marge d'un sommet entre l'UE et les pays d'Amérique latine et des Caraïbes.
Des informations sur la tenue d'une telle réunion couraient depuis plusieurs jours mais elle n'a été confirmée qu'à la dernière minute, après une rencontre dans la journée entre M. Tsipras et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Les deux hommes doivent se revoir jeudi.
Mercredi, ils ont échangé leurs points de vue "en détail" sur les négociations en cours pour le déblocage d'un financement à la Grèce, selon une source gouvernementale grecque. Une source européenne a précisé que l'échange avait été "amical".
"Je crois plus que jamais qu'un accord est possible si la volonté politique est partagée par tous", a déclaré à l'AFP le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.
La chancelière avait donné le ton à son arrivée à Bruxelles: une solution dans les difficiles négociations sur le programme de réformes demandé à la Grèce, pour la remettre sous perfusion financière, est possible. "Quand on veut, on peut", a-t-elle lancé, tout en avertissant que "chaque jour compte".
Un volontarisme partagé par le président français. "Travaillons, allons vite et concluons", a-t-il exhorté. "Nous n'aurons qu'un seul message: il faut maintenant aller vite, ne pas laisser traîner, ne pas laisser penser à des solutions qui seraient mauvaises et pour la Grèce, et pour l'Union européenne, et pour la zone euro", a-t-il déclaré.
- Net réchauffement -
La rencontre entre MM. Tsipras et Juncker, et les déclarations de M. Moscovici marquent un réchauffement des relations entre la Grèce et la Commission, qui avait rejeté dans la matinée les dernières propositions de réformes avancées par Athènes. M. Juncker avait même qualifié de "perte de temps" une éventuelle rencontre avec M. Tsipras.
En effet, alors même qu'"un accord sur l'excédent primaire budgétaire semblait acquis" autour de l'objectif voulu par les créanciers de 1% du PIB en 2015, Athènes a proposé mardi un solde de 0,75%, a expliqué un responsable européen, sous couvert d'anonymat. Or, ce chiffre conditionne le montant des économies à réaliser par la Grèce.
Mais l'irritation a fait place à l'espoir mercredi. "Nous sommes prêts à discuter de l'excédent budgétaire, au-delà de 0,75%", a indiqué une source gouvernementale grecque. "Nous cherchons un objectif commun" sur le sujet, a-t-elle ajouté tout en précisant que "rien n'est encore bouclé".
Les négociations ont aussi achoppé jusqu'à présent sur les modalités d'une réforme des retraites et une hausse de la TVA sur l'électricité, deux lignes rouges pour Athènes.
"Trancher comme le ferait un boucher, avec un couperet, ce n'est pas réformer. Réformer s'apparente plus à la chirurgie", a commenté mercredi depuis Athènes le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis.
D'un accord sur les réformes à mettre en place en Grèce dépend le déboursement de 7,2 milliards d'euros en suspens depuis août. Les institutions créancières, UE et FMI, doivent donner leur feu vert puis les 19 pays de la zone euro, à l'unanimité.
Sans ce versement, le pays est menacé de faillite, avec des caisses quasiment vides alors qu'il doit rembourser près de 1,6 milliard d'euros au FMI le 30 juin, date à laquelle arrive aussi à son terme son plan d'aide.
Après cette date et en cas d'accord, Athènes réfléchit à une extension jusqu'en mars 2016 du programme d'aide financier dont il bénéficie depuis 2012. Il s'agirait de la troisième extension de ce plan d'aide.
Mais à la différence des précédentes fois, la Grèce souhaite le déblocage des "financements qui permettent de relancer l'économie grecque et pas seulement de couvrir les remboursements" dont le pays doit s'acquitter. L'idée est notamment de pouvoir puiser dans des fonds déjà existants, notamment pour les banques grecques, qui n'ont pas encore été mis à disposition.
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