Jacques Rançon, déjà poursuivi pour l'assassinat de Mokhtaria Chaïb en 1997, a été mis en examen pour celui d'une autre "disparue de Perpignan", Marie-Hélène Gonzales en 1998, clôturant enfin une enquête chaotique de près de deux décennies.
"Nous en sommes sûrs au bout de 18 ans: la police judiciaire a identifié et neutralisé le tueur de la gare de Perpignan": Jean-Damien Moustier, directeur de la PJ locale, ne cachait pas sa satisfaction en annonçant mercredi la fin probable d'une enquête laborieuse.
"On tient du solide avec des aveux et des circonstances que seul l'auteur peut connaître", a-t-il déclaré en conférence de presse.
Jacques Rançon, un cariste-magasinier de 54 ans, a été mis en examen pour "viol et assassinat en récidive", a annoncé lors de la même conférence de presse le procureur de la République à Perpignan, Achille Kiriakidès.
Lundi, Jacques Rançon a avoué le meurtre de Marie-Hélène Gonzales, 22 ans, disparue le 16 juin 1998 près de la gare de Perpignan. Son corps avait été découvert 10 jours plus tard. Ses parties génitales avaient été découpées et elle avait aussi été décapitée et amputée des mains. Sa tête et ses mains n'avaient été retrouvées que six mois plus tard dans un sac plastique.
"Par respect" pour la famille et le secret de l'instruction, le procureur a refusé de donner plus de détails sur les circonstances horribles du crime, ajoutant seulement dans un bref communiqué lu à la presse que Jacques Rançon a pris en stop la jeune fille et, "pour tenter de dissimuler son crime, a mutilé son corps".
"C'est un résultat quasi inespéré. C'est exceptionnel pour un dossier hors normes", a ajouté le commissaire Moustier, évoquant une "journée historique" pour son service.
L'enquête laborieuse sur les "disparues de Perpignan", commencée avec la disparition d'une première jeune fille en 1995, est en effet allée de déceptions en fausses pistes.
- Le dossier Tatiana toujours ouvert -
Un chirurgien péruvien au diplôme douteux était d'abord inquiété en 1998 puis blanchi. Un autre suspect, qui purgeait en prison une peine pour un meurtre similaire, se suicidait dans sa cellule en 2012.
Une centaine de personnes ont été interrogées peu après les disparitions, dont Jacques Rançon. A l'époque, aucun élément suffisant n'avait cependant permis de le poursuivre.
Seuls les progrès scientifiques ont finalement permis, l'an dernier, de recouper son ADN avec un prélèvement retrouvé sur la chaussure d'une victime.
Confondu, le quinquagénaire, un Picard au lourd passé de délinquant sexuel, avait déjà avoué en octobre 2014 le meurtre similaire, le 20 décembre 1997, de Mokhtaria Chaïb, une étudiante de 19 ans. Son corps avait également été retrouvé atrocement mutilé: les seins et l'appareil génital avaient été prélevés de manière quasi chirurgicale. Mis en examen pour ce crime, Rançon est incarcéré depuis.
Ces meurtres, tous survenus près de la gare de Perpignan, avaient suscité un vif émoi dans la ville.
Une troisième jeune femme, Tatiana Andujar, une lycéenne de 17 ans, avait été la première à disparaître dans le quartier, le 24 septembre 1995. Elle n'a jamais été retrouvée. Jacques Rançon était en prison à ce moment-là, pour un viol commis en Picardie, et il ne pouvait pas bénéficier de permission de sortie, selon son avocat, Xavier Capelet.
M. Moustier était cependant moins affirmatif mercredi, disant simplement sa "quasi-certitude que Jacques Rançon était en prison à ce moment-là".
Le dossier Tatiana Andujar "continue", a-t-il dit. Mais il s'agit "peut-être d'un dossier à part", a-t-il nuancé, évoquant des "éléments qui peuvent apparaître différents" que dans les crimes pour lesquels Rançon est poursuivi.
Ce dernier doit aussi répondre de "tentative d'assassinat" en 1998: une jeune femme alors âgée de 19 ans, également à Perpignan, avait reçu plusieurs coups de couteau au ventre, manquant de peu d'être égorgée avant de réussir à lui échapper.
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