Après la validation par la CEDH de l'arrêt des soins pour Vincent Lambert, des proches décidés à se battre jusqu'au bout pour son maintien en vie ont diffusé mercredi une vidéo censée démolir le diagnostic médical d'état végétatif du patient depuis 2008.
Dans ce court film empreint d'émotion, Vincent Lambert, tétraplégique, apparaît les yeux mi-clos quand une main plaque à son oreille un téléphone portable qui diffuse la voix de sa mère, Viviane Lambert.
"Nous sommes toujours là à côté de toi, () on va te faire sortir de là", dit-elle à son fils de 38 ans légèrement barbu et vêtu d'un tee-shirt noir, et dont le visage pâle semble alors peu expressif.
Un autre plan serré montre son demi-frère David en train de lui parler, penché à quelques centimètres de son visage alors que Vincent cligne des yeux et le suit du regard.
Les images du patient dans son lit d'hôpital du CHU de Reims mises en ligne mercredi, auraient été tournées vendredi dernier par Emmanuel Guépin, qui se présente comme un ancien camarade de classe de Vincent et membre d'un comité de soutien militant pour le maintien en vie du tétraplégique.
Le jour du tournage, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) validait la décision du Conseil d?État qui autorisait l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation artificielles de Vincent Lambert décidé par les médecins, estimant que sa mise en ?uvre ne violerait pas le droit à la vie du tétraplégique.
La décision d'arrêt des soins, prise dans le cadre de la loi Leonetti de 2005, correspond au souhait de Rachel Lambert, l'épouse de Vincent, soutenue par six frères et s?urs de son époux, tous convaincus qu'il n'aurait pas souhaité vivre dans cet état.
Mais les parents de Vincent, catholiques traditionalistes, une de ses s?urs et un demi-frère s'opposent à la décision de la CEDH, en affirmant que le patient n'est "pas en fin de vie" mais lourdement handicapé.
Vendredi, sur les marches de la Cour, sa mère Viviane Lambert s'était dite "scandalisée" et prête à lutter "encore nuit et jour" pour le maintien en vie de son fils.
- Des images qui se veulent éloquentes -
Le tournage fait visiblement partie de ce combat. "Il s?agit d?un film lors d?une réunion familiale autour de Vincent, pendant ce moment si grave. La famille a souhaité immortaliser le moment, () afin de montrer qui est réellement Vincent, et ce qu?est une personne dont on prétend qu?elle est en état végétatif et qu?elle n?aurait plus de lien relationnel avec qui que ce soit", a expliqué Jean Paillot, l'avocat des parents, dans un courriel à l'AFP.
Selon ce dernier, les parents qui exigent le transfert de leur fils vers un service spécialisé de Strasbourg, comptent s'appuyer sur "des éléments nouveaux", notamment le fait que "Vincent a recommencé à déglutir" comme le montre dans un plan la vidéo diffusée mercredi, notamment sur le site de l'hebdomadaire "Famille chrétienne".
Argument de nouveau réfuté par le docteur Éric Kariger, l'ancien médecin de Vincent Lambert, qui a réaffirmé que le patient n'avait jamais perdu "son réflexe de déglutition, sinon il serait déjà mort".
"On fait croire ce qui n'existe pas. Ces patients en états végétatifs réagissent à leur environnement mais c'est une réponse végétative", a insisté le médecin.
Selon lui, "Vincent reçoit des informations afférentielles qui arrivent au cerveau mais il n'en a aucune conscience et ne peut en faire aucun usage".
"Cette vidéo piétine sa dignité et son droit à l'image, c'est de la manipulation intellectuelle en jouant sur l'émotion", a-t-il estimé.
En 2014, trois experts en neuroscience mandatés par le Conseil d?État avaient pointé la dégradation de la santé du patient en diagnostiquant des lésions au cerveau irréversibles entraînant un état végétatif chronique.
"Cette vidéo n?apporte aucun élément nouveau, l'état de santé de Vincent n'a pas évolué depuis des années", a déclaré à l'AFP Rachel Lambert, l?épouse de Vincent.
"Ce n'est pas en deux minutes qu'on peut comprendre l?état de mon mari", a réagi la jeune femme "consternée par la diffusion de la vidéo et certaines réactions sur les réseaux sociaux".
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a annoncé avoir été saisi après la diffusion de cette vidéo, promettant de "regarder ce sujet délicat avec la plus grande attention et dans des délais rapides".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.