Le président russe Vladimir Poutine est arrivé mercredi à Milan où il a été accueilli par le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, avant une rencontre avec le pape François, deux occasions pour le maître du Kremlin de rompre son isolement diplomatique.
Quelque 200 touristes, dont beaucoup agitaient des drapeaux russes, se sont rassemblés pour souhaiter la bienvenue au chef d'Etat russe, arrivé souriant, avec près d'une heure de retard sur l'horaire prévu, obligeant le président du Conseil italien à battre la semelle en l'attendant.
Le chef du Kremlin va visiter en compagnie de Matteo Renzi le pavillon de son pays, à l'occasion de la journée de la Russie à l'Expo, et celui de l'Italie. Ils auront ensuite un entretien avant de donner une conférence de presse commune.
Le chef d'Etat russe se présente dans la péninsule italienne deux jours à peine après de nouvelles menaces de sanctions renforcées de la part des pays du G7. La situation en Ukraine s'est de nouveau détériorée ces derniers jours, laissant craindre une nouvelle escalade.
Bien que l'Italie ne fasse pas partie des "faucons" en matière de relations avec la Russie, Matteo Renzi est l'un des signataires du sévère communiqué publié lundi à l'issue d'une réunion des dirigeants du G7 en Bavière.
Les sept chefs d'Etat ou de gouvernement y ont unanimement lié la durée des sanctions contre la Russie à "la mise en ?uvre intégrale des accords de Minsk" de février sur un cessez-le-feu en Ukraine et au "respect de la souveraineté" de Kiev. Ils s'y disent "également prêts à prendre d'autres mesures restrictives pour augmenter le coût pour la Russie si ses actions le rendent nécessaire".
- Marge de manoeuvre étroite -
M. Poutine se rendra ensuite à Rome où il sera reçu par le président italien Sergio Mattarella, puis au Vatican pour y retrouver le pape François, avec qui il discutera de la situation en Ukraine et au Moyen-Orient, selon des sources proches du Saint-Siège.
Dans la soirée, il pourrait retrouver "hors agenda officiel" son ami Silvio Berlusconi, à la résidence romaine de l'ancien chef du gouvernement italien.
Le chef de l'Etat russe, qui se présente en fervent orthodoxe et ami de l'Eglise russe, avait déjà été reçu par le nouveau pape le 25 novembre 2013. Depuis lors, la guerre civile syrienne est devenu incontrôlable, et le conflit ukrainien a placé le Vatican et le pape face à un nouveau défi, illustrant l'étroitesse de leur marge de manoeuvre.
En Ukraine, les rebelles sont en majorité des orthodoxes rattachés au patriarcat de Moscou et se battent contre d'autres orthodoxes et contre les grecs-catholiques (uniates) rattachés à Rome. Le Saint-Siège et le pape n'ont cessé d'appeler les Ukrainiens à se réconcilier et à cesser une guerre entre "frères" chrétiens.
A la veille de cette rencontre, le primat de l'Eglise gréco-catholique (uniate) d'Ukraine, Mgr Sviatoslav Chevtchuk, a déclaré mardi espérer que le pape François "serait la voix des gens opprimés".
"Dans une lettre, j'ai demandé au pape d'être la voix des gens opprimés de cette guerre, d'être la voix de tous ces gens qui souffrent, de protéger ses enfants en tant que Père", a déclaré Mgr Chevtchuk en visite à Varsovie.
Mais le Vatican est resté très prudent dans cette crise, au grand dam des catholiques uniates qui souhaiteraient une condamnation directe de la politique russe en Ukraine.
Car pour le Saint-Siège, le dialogue entamé depuis des décennies entre le Vatican et le patriarcat russe, la branche la plus importante de l'orthodoxie, est aussi un enjeu.
Les deux Eglises avaient fait un bout de chemin l?une vers l?autre suffisant pour que soit envisagée une visite du pape François à Moscou, avant que la crise ukrainienne ne mette un frein à ces efforts de rapprochement.
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