Huit marins de la SNCM, dont un ex-responsable CFTC, plus une vingtaine de personnes sont jugés pour trafic d'armes et de drogues en lien avec le grand banditisme à partir de mercredi, jour où la compagnie devrait connaître le nom de son repreneur.
Soupçonné d'avoir été le pivot du trafic, Camille Abboche, 45 ans, alors secrétaire général adjoint de la CFTC à la Société nationale Corse Méditerranée, avait été interpellé en 2013 après deux ans d'enquête et écroué à la prison de Luynes (Bouches-du-Rhône).
Neuf autres individus sont également détenus dans ce dossier qui vera comparaître au total 29 personnes pour "trafic d'armes" ou "association de malfaiteurs en lien avec un trafic d'armes et trafic de stupéfiants".
La SNCM, compagnie maritime historique pour le trafic entre la Corse et le continent, s'est portée partie civile.
Les marins sont accusés d'avoir participé, contre rétribution, à un trafic d'armes et de drogue à bord de bateaux de la compagnie. Ils profitaient, selon les enquêteurs, d'un défaut de surveillance des navires pour introduire la drogue et les armes à bord des bateaux.
"Christophe Abboche, à la faveur de ses activités syndicales et professionnelles, usait de ses relations pour organiser le transport à destination de la Corse", selon l'accusation qui met en exergue l'existence "(d')une organisation structurée assurant le transit de drogue et d'armes au profit de clients corses parmi lesquels des groupes de malfaiteurs".
Pour l'accusation, le responsable syndicaliste, exclu de la CFTC après sa mise en examen, était au coeur du dispositif pour garantir "le passage sécurisé" de la marchandise. Il avait notamment libre accès à tous les ports, après le départ des douaniers.
Les enquêteurs soupçonnent même Abboche et un complice, Christophe Anziani, sous mandat d'arrêt à l'époque et vivant dans la clandestinité, d'avoir eu un projet d'assassinat de deux frères corses. Le second aurait mandaté le premier pour déclencher à distance une charge explosive sous une voiture. "Pas de souci, tu peux compter sur moi, c'est bon,", avait répondu Camille Abboche au téléphone.
Un projet criminel "témoignant de l'insertion" des deux hommes "dans le milieu particulier de la grande délinquance organisée", concluaient les enquêteurs.
En garde à vue, Camille Abboche avait uniquement admis "avoir accepté, par amitié de faire passer en Corse des sacs ou des véhicules".
Une défense mise en mal par les nombreuses écoutes téléphoniques effectuées à de son domicile, démontrant, selon l'accusation que "celui-ci pouvait à l'occasion faire office de véritable salon de démonstration pour la vente d'arme".
80.000 euros en liquide, de la cocaïne et de nombreuses armes à feu, notamment au domicile et dans le bureau de Camille Abboche à la SNCM, avaient été saisis durant l'enquête.
Placée en redressement judiciaire fin 2014, la SNCM devrait connaître mercredi, sauf nouveau rebondissement, le repreneur choisi par le tribunal de commerce de Marseille parmi trois offres de reprises.
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