Ébranlée par des scandales retentissants et des résultats financiers décevants, la banque HSBC a annoncé mardi qu'elle se séparait de presque 50.000 employés dans le cadre d'un plan de restructuration planétaire qui l'ancrera encore davantage en Asie, tout en maintenant le suspense sur le sort de son siège londonien.
"Nous avons déjà changé HSBC, mais cela reste insuffisant", a souligné le directeur général du géant bancaire, Stuart Gulliver, lors d'une conférence aux investisseurs, à qui il a présenté la stratégie du groupe.
HSBC prévoit de supprimer entre 22.000 et 25.000 emplois via une nouvelle cure d'amaigrissement: la principale banque européenne veut fermer des agences, réduire les fonctions administratives, accélérer et rationaliser l'usage des technologies numériques et accroître le recours au self-service de la part de ses clients.
Au seul Royaume-Uni, où elle va se passer de 8.000 employés, le syndicat Unite a dénoncé "une punition infligée au personnel pour la mauvaise conduite des dirigeants".
Le géant bancaire a annoncé dans le même temps une cession de ses opérations en Turquie et au Brésil, ce qui entraînera une réduction d'effectifs de 25.000 emplois supplémentaires.
La filiale brésilienne de la banque a toutefois indiqué mardi qu'elle maintiendra sa présence au Brésil et continuera à servir ses clients même si elle dans un processus de vente de ses activités dans le pays.
"HSBC est dans un processus de vente et pas de fermeture de ses opérations dans le pays. La banque continue à opérer normalement et, même après la vente, continuera ses prestations de services aux clients", a affirmé la banque dans un communiqué de presse depuis Sao Paulo.
Sous sa férule et si les projets annoncés vont à leur terme, HSBC aura réduit ses effectifs totaux de près d'un tiers, de 295.000 employés en 2010 à 208.000 en 2017.
La banque, qui veut également délocaliser des milliers de postes dans des pays à "faible coût/haute qualité" de main d'?uvre, vise des économies de 4,5 à 5,0 milliards de dollars par an d'ici à 2017.
HSBC va parallèlement "accélérer ses investissements en Asie", qui sera son principal moteur de développement, et accroître son activité de gestion d'actifs et d'assurance.
"L'Asie devrait connaître une forte croissance et devenir le centre des échanges internationaux au cours des dix prochaines années", a expliqué M. Gulliver.
La banque va ainsi renforcer sa présence dans le sud industrieux de la Chine et les pays d'Asie du Sud-Est qui, comme les Philippines, l'Indonésie, la Malaisie ou Singapour, affichent des taux de croissance annuels de plus de 4%.
- Siège à Londres ou Hong Kong ? -
HSBC a récemment été ébranlée par l'opération SwissLeaks, des révélations d'un réseau mondial de journaux sur des pratiques d'évasion fiscale à grande échelle passées par sa filiale suisse, basée à Genève.
Ce n'est pas le seul scandale ayant frappé ces dernières années la banque, contrainte à verser l'équivalent de milliards d'euros d'amendes et d'indemnités dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni et aux États-Unis, pour solder des scandales de blanchiment d'argent et de manipulations des marchés.
La banque reste certes très rentable, mais ces amendes, cumulées avec diverses provisions et réparations, ont entraîné l'an dernier une baisse de 15% de son bénéfice net, "réduit" à 13,7 milliards de dollars - un mauvais signe pour les actionnaires que le groupe a tenté de rassurer mardi.
A la Bourse de Londres, son titre perdait néanmoins 0,95%, à 613,60 pence vers 11H00 GMT.
HSBC envisage par ailleurs de déménager son siège mondial de Londres à Hong Kong pour échapper à une régulation qu'elle juge de plus en plus contraignante. Sur ce sujet évoqué depuis fin avril, M. Gulliver a précisé mardi qu'une décision serait prise "d'ici à la fin de l'année".
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