La révélation de la présence de deux des enfants de Manuel Valls dans l'avion gouvernemental menant le Premier ministre à la finale de la Ligue des Champions a nourri mardi la controverse autour de ce voyage, malgré une intervention de l'UEFA.
L'entourage du Premier ministre a confirmé à l'AFP que deux fils du chef du gouvernement accompagnaient leur père dans le Falcon pour Berlin, tout en maintenant que ce déplacement était bel et bien un voyage officiel, à l'invitation du président de l'UEFA, Michel Platini. Un porte-parole de l'UEFA a également assuré que le Premier ministre avait répondu à une invitation de M. Platini pour "parler de l'Euro-2016".
Matignon a fait valoir qu'en dehors de la "délégation incompressible" qui accompagne M. Valls en toute circonstance en déplacement officiel (agents de sécurité, transmetteur, aide de camp militaire, etc.) il restait des places libres dans le jet d'une douzaine de places à destination de la capitale allemande, où Manuel Valls a pu assister à la victoire de son club de coeur, le FC Barcelone.
"La présence des enfants dans l'avion n'ajoute strictement rien au coût de l'affrètement" de l'appareil, a-t-on plaidé à Matignon.
A l'Assemblée nationale, l'opposition n'a fait que des allusions à l'affaire sans interroger directement M. Valls. Selon un député Les Républicains (ex-UMP), cette abstention était volontaire, le parti restant mal à l'aise sur ces questions: son dirigeant Nicolas Sarkozy a été épinglé le mois dernier pour avoir loué un avion privé entre Paris et Le Havre, un trajet de moins de 200 kilomètres.
Mais même sans être vraiment sollicité, Manuel Valls a tout de même répondu.
"Le sport a un rôle très important, grâce aux grands évènements internationaux que nous allons accueillir ici en France et le rôle du chef du gouvernement c'est de soutenir ces grands rendez-vous pour la France et je continuerai à le faire parce que c'est important pour l'image du pays, pour l'attractivité, pour la compétitivité, et pour les emplois", a affirmé le Premier ministre.
"Pas de polémique, restons sur l'essentiel!", a lancé M. Valls, qui défendait par ailleurs des mesures en faveur de l'emploi et des PME présentées mardi.
- 'Décrochage du peuple' -
Dans les couloirs de l'Assemblée ou sur les réseaux sociaux, l'opposition s'est toutefois faite plus loquace.
Les deux enfants, "ça commence à faire beaucoup, surtout pour quelqu'un qui passe son temps à nous donner des leçons de morale", s'est agacé sur France 3 l'ancien ministre Benoist Apparu (Les Républicains) avant la séance des questions au gouvernement.
Le député et ancien ministre Thierry Mariani (LR) a lui jugé que la "moindre des choses" serait que Manuel Valls "rembourse" un voyage dont le coût total peut être estimé entre 12.000 et 15.000 euros, selon une source gouvernementale.
"Et si, au lieu de s'enfoncer, Valls s'excusait, remboursait, et en tirait les conséquences que lui dicte sa conscience ?", a pour sa part attaqué l'eurodéputé FN Florian Philippot.
Dans la majorité également, certains ont exprimé leur incompréhension.
Si François Hollande, en déplacement à Tulle, n'a pas souhaité faire de commentaire, un de ses proches a estimé que "c'est le signe d'un décrochage du peuple". "Les gens n'aiment pas ça, François (Hollande) n'aurait jamais fait ça".
"C'est vraiment trop compliqué pour Manuel Valls et nos élus de reconnaître quand ils se trompent ? Et rembourser ?", a déclaré sur Twitter le porte-parole national d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) Julien Bayou, souvent critique à l'encontre du gouvernement.
La ligne de défense principale de l'exécutif -il s'agissait d'un voyage officiel du chef de gouvernement durant lequel il a pu faire un point sur l'organisation de l'Euro-2016 de football en France et sur les scandales de corruption de la Fifa- n'a pas été la seule employée depuis samedi soir par M. Valls et ses ministres.
Cette multiplication des arguments a donné une impression brouillonne, Valls étant pourtant réputé pour sa communication solide et sa capacité à désamorcer les polémiques médiatiques.
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