La Grèce est revenue mardi vers la table des négociations avec ses créanciers, UE et FMI, à qui elle a présenté une contre-proposition de réformes et de mesures pour éviter une faillite qui signerait le "début de la fin" pour la zone euro, selon le Premier ministre, Alexis Tsipras.
Le gouvernement grec a remis "deux textes supplémentaires" de propositions au commissaire européen aux affaires économiques Pierre Moscovici afin de "combler les différends" sur certains sujets, a indiqué une source gouvernementale grecque.
Après un week-end de tension avec ses créanciers, en particulier la Commission européenne, Athènes a repris langue en envoyant lundi à Bruxelles deux émissaires du Premier ministre, dont le chef de file des négociations politiques Euclide Tsakalotos. Une rencontre a eu lieu avec M. Moscovici.
Jusqu'ici, le gouvernement de gauche radicale avait présenté une offre d'accord comprenant de nombreuses concessions sur le plan fiscal et budgétaire notamment par rapport à ses engagements de campagne, mais jugées insuffisantes aux yeux de ses créanciers.
Les discussions ont achoppé la semaine dernière à Bruxelles sur les modalités d'une réforme des retraites et une hausse de la TVA sur l'électricité. Or, d'un accord sur les réformes dépend le déboursement de 7,2 milliards d'euros, promis à Athènes et en suspens depuis des mois.
Les caisses grecques sont quasiment vides, et le pays doit rembourser près de 1,6 milliard d'euros au FMI le 30 juin, date à laquelle arrive à son terme son plan d'assistance financière. Il n'a donc plus beaucoup de temps pour négocier, comme l'ont rappelé lundi plusieurs dirigeants, dont le président américain Barack Obama, dans le cadre du G7 qui se déroulait en Bavière (sud de l'Allemagne).
Sans accord, ce serait "le début de la fin" pour la zone euro, a averti mardi le Premier ministre grec dans un entretien mardi au Corriere della Sera.
"Si la Grèce fait faillite, les marchés iront immédiatement chercher une autre" proie, estime-t-il, prédisant une contagion à d'autres pays, comme l?Espagne et l'Italie.
-- Lignes rouges --
Il a toutefois jugé qu'un accord était "très proche". Encore faut-il qu'il s'attaque aux retraites les plus faibles, une des lignes rouges d'Athènes avec la hausse à 23% du taux de TVA pour l'électricité, voulue par les créanciers.
Le Premier ministre de gauche radicale devait informer le secrétariat politique de son parti à 12H00 GMT sur l'avancement des négociations. La réunion devait se tenir à huis clos.
M. Tsipras participera mercredi et jeudi à Bruxelles à une réunion dirigeants européens, latino-américains et caribéens. Il s'entretiendra en marge de cette réunion avec la chancelière allemande, Angela Merkel, qui s'implique fortement dans les négociations, aux côtés du président français, François Hollande.
Une rencontre avec le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, qui joue volontiers le rôle de facilitateur dans ces négociations, n'est pas exclue même si rien n'est prévu pour l'instant.
"Si les conditions sont réunies, il y a toujours une possibilité (dans le cadre) du sommet" de mercredi et jeudi, a souligné Margaritis Schinas, un porte-parole de l'exécutif européen.
La contre-proposition reçue mardi à Bruxelles porte sur les réformes à mettre en oeuvre mais propose également l'utilisation des 10,9 milliards d'euros du fonds grec pour les banques et l'augmentation du nombre des bons du Trésor que la Grèce a le droit d'émettre.
Elle porte aussi sur le transfert d'une partie de la dette grecque détenue par la BCE au mécanisme de stabilité européen (MES), une idée soutenue de longue date par le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis.
Dans le cadre d'une aide aux pays les plus touchés par la crise de la dette, la BCE avait racheté des obligations grecques d'une valeur nominale de 27 milliards d'euros. Une partie arrive à échéance cet été, ce qui doit se traduire par un remboursement de 6,7 milliards pour la Grèce.
Pour contourner ce problème, l'idée serait un prêt du fonds de soutien de la zone euro, le MES, à la Grèce avec un taux bas, afin que le pays puisse racheter les obligations détenues par la BCE. Cela permettrait le transfert de la dette et faciliterait le retour du pays sur les marchés.
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