Le pape François, inquiet du "climat de guerre" dans le monde, a prêché samedi la paix et la réconciliation à Sarajevo, ville meurtrie mais aussi symbole d'une coexistence entre cultures et religions, citée en exemple face à la "barbarie".
Devant 65.000 fidèles rassemblés samedi matin dans l'immense stade olympique de Sarajevo, le pape argentin a dit ressentir "un climat de guerre" dans le monde, "attisé délibérément par ceux qui cherchent l'affrontement entre cultures et civilisations".
Dans ce contexte d'un monde "encore malheureusement déchiré par les conflits, cette terre peut devenir un message : attester qu?il est possible de vivre l?un à côté de l?autre, dans la diversité mais dans l?humanité commune", a déclaré Jorge Bergoglio, en rencontrant en fin d'après-midi les représentants des religions juive, orthodoxe, musulmane et catholique à Sarajevo.
Mais il faut faire plus, particulièrement ici en Bosnie, a-t-il reconnu.
Sarejevo reste une ville meurtrie, 20 ans après la fin de la guerre et le nationalisme est encore omniprésent.
Les drapeaux croates à damier blanc et rouge étaient largement plus nombreux que celui bleu et jaune, imposé par la communauté internationale à la Bosnie, dans et aux alentours de l'immense stade olympique où le pape a dit la messe.
A son arrivée samedi matin, il a entendu l'hymne bosnien, mais aucune communauté ne se l'est approprié, à tel point qu'il est resté sans paroles, faute d'accord sur un texte par les trois communautés du pays.
- Réduire les nationalismes -
Le président bosnien en exercice, Mladen Ivanic, a assuré devant le pape que toutes les communautés étaient "prêtes à travailler pour la réduction des nationalismes", réclamant un "soutien entier" du souverain pontife pour permettre à la Bosnie et aux autres pays des Balkans d'adhérer à l'Union européenne.
La Bosnie est "partie intégrante de l'Europe", a rétorqué le pape tout en avertissant qu'elle doit respecter l'égalité de tous ses citoyens devant la loi, condition "indispensable" à une intégration future dans l'UE.
La guerre de Bosnie (1992-95) a fait près de 100.000 morts et plus de deux millions de réfugiés et de déplacés, soit plus de la moitié de sa population constituée d'environ 3,8 millions d'habitants dont 40% de musulmans, 31% de serbes orthodoxes et environ 10% de catholiques croates.
"La Bosnie a besoin du message de paix que le pape va envoyer alors que le manque de confiance perdure entre les communautés", a souligné à l'AFP Katarina Dzrek, une Croate bosnienne, venue accueillir le pape.
Autre temps fort de cette visite éclair d'un peu plus de dix heures, la rencontre du pape à la cathédrale de Sarajevo avec des représentants de la commnauté catholique, en plein déclin depuis la fin de la guerre.
- Au bord des larmes -
Le souverain pontife a notamment entendu le témoignage d'une religieuse catholique, Ljubica Sekerija, battue et menacée de mort pendant la guerre par des "soldats étrangers", si elle ne se convertissait pas à l'islam.
Un prêtre catholique, au bord des larmes, Zvonimir Matijevic, a raconté son internement par les forces serbes et comment il avait frôlé la mort à force de souffrances.
Le pape s'est levé pour lui baiser les mains. "Vous n'avez pas le droit d'oublier votre histoire, non pour vous venger mais pour faire la paix", a-t-il déclaré à la suite de ces témoignages abandonnant le discours prévu.
La minorité catholique se sent à l'étroit dans ce pays divisé en deux, où elle est censée cohabiter avec les musulmans bosniaques dans le cadre de la fédération croato-musulmane, aux côtés de la Republika Srpska (République serbe).
Le pape a toutefois exhorté les catholiques bosniens à rester en Bosnie, en dépit du départ depuis les années 1990 de plus de 300.000 croyants (sur 800.000 avant la guerre).
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