La Grèce fait monter la pression dans la dernière ligne droite des négociations en reportant une série de lourds remboursements au FMI pour s'assurer un répit financier, tout en affichant sa fermeté face aux exigences jugées "extrêmes" des créanciers.
Athènes, qui avait jusqu'ici honoré tous ses paiements à l'institution de Washington, n'a pas remboursé vendredi une échéance de 300 millions d'euros mais a obtenu un délai de trois semaines pour regrouper en un seul versement l'ensemble des sommes qu'elle doit en juin au FMI, soit 1,6 milliard d'euros.
Au 30 juin, le gouvernement espère pouvoir rembourser ce montant en obtenant le déblocage de 7,2 milliards d'euros restant à verser, depuis l'automne 2014, dans le cadre du plan d'assistance internationale au pays en vigueur depuis 2010.
La bourse d'Athènes a accueilli ce choix par une séance en chute libre, clôturant à -4,96%.
Les partenaires de la Grèce n'ont pas semblé prendre ombrage d'une décision "en ligne avec le règlement du FMI", a réagi le porte-parole de la Commission européenne Margaritis Schinas.
La Grèce avait les fonds pour rembourser le FMI vendredi, a assuré le ministre grec de l'Economie Giorgos Stathakis dans une interview à la BBC, mais "c'est l'économie grecque qui paye ces prêts depuis un an en puisant dans ses ressources internes". Une situation difficilement tenable car l'Etat a dû comprimer au maximum ses dépenses, paralysant des pans entiers de l'activité.
Le report des paiements est aussi "un message politique intérieur montrant que le gouvernement fait pression", estime Panagiotis Petrakis, économiste à l'université d'Athènes.
Le Premier ministre Alexis Tsipras, qui a promis de tourner la page de l'austérité et doit donner des gages à son parti de gauche, devrait développer ce message lors d'une session extraordinaire du parlement grec consacrée aux négociations, vendredi vers 18h30 locale (15h30 GMT).
- Points de blocage -
Mais le prix symbolique est lourd: un seul pays, la Zambie, avait eu recours à un regroupement de paiements au FMI, au milieu des années 1980.
La Grèce a fait ce choix "pour des raisons politiques () pour gagner du temps" dans les négociations avec ses créanciers UE, BCE, FMI sur le programme de réformes discuté âprement depuis le 20 février, a reconnu le ministre du Travail Panos Skourlétis, sur la radio Parapolitika.
Tout risque de défaut de paiement fin juin, pouvant remettre en cause la place de la Grèce dans la zone euro, n'est pas écarté, a estimé vendredi l'agence Fitch: "La perspective d'un décaissement de la part des créanciers de la Grèce est très incertaine", compte-tenu des divergences qui demeurent, selon l'agence.
Les dirigeants grecs jugent que la dernière offre de leurs partenaires présente "des positions extrêmes" qu'il n'est pas envisageable d'accepter.
Les points de blocage se concentrent sur le coût pour les Grecs des économies budgétaires et le régime des retraites, avec en arrière-fond la question, non résolue, de la viabilité de la dette.
- politique et géopolitique -
"Tant que je vivrais, la TVA sur les îles ne bougera pas", a twitté Panos Kammenos, le leader du petit parti souverainiste des Grecs indépendants (ANEL), partenaire au gouvernement de coalition de la gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras.
Une source européenne a admis vendredi auprès de l'AFP que "les divergences entre les créanciers" UE et FMI compliquaient la conclusion d'un accord et que la situation était "extrêmement complexe".
La préoccupation "géopolitique" est aussi présente du côté des créanciers, a reconnu cette source. Dernière illustration en date: un nouvel entretien vendredi, largement médiatisé par Athènes, entre Tsipras et le président russe Vladimir Poutine sur la "coopération énergétique" et économique.
Les discussions techniques se doublent depuis une semaine d'une multiplication de contacts au plus haut niveau politique, avec la chancelière Angela Merkel et le président François Hollande en première ligne.
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