La justice européenne a validé vendredi l'arrêt de l'alimentation artificielle de Vincent Lambert mais les parents du tétraplégique ont annoncé qu'ils allaient poursuivre leur combat pour son maintien en vie.
Sur les marches de la Cour européenne des droits de l'Homme, Viviane Lambert, la mère de Vincent, s'est dite "scandalisée" et prête à se battre "encore nuit et jour". "Nous ne laisserons pas quelques robes noires et blouses blanches mettre à mort Vincent Lambert", a lancé, solennel, Me Jérôme Triomphe, l'un de ses avocats.
C'est à la demande des parents Lambert, d'une de ses soeurs et d'un demi-frère que la Cour de Strasbourg avait suspendu il y a près d'un an - en attendant de se prononcer au fond - la décision du Conseil d'Etat en faveur de l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation artificielles. Les parents estimaient qu'une telle mesure violerait son droit à la vie et qu'il s'agirait d'une torture.
Dans un arrêt définitif qu'ils n'ont pas adopté à l'unanimité (12 voix contre 5), les juges de la Grande Chambre de la Cour leur ont donné tort, estimant qu'il "n'y aurait pas violation" de la convention européenne des droits de l'Homme en cas de mise en oeuvre de l'arrêt du Conseil d'Etat.
Victime d'un accident de la route en 2008, qui lui a occasionné des lésions cérébrales irréversibles, Vincent Lambert, 38 ans, est actuellement hospitalisé dans une unité de soins palliatifs au CHU de Reims.
La décision d'arrêt des soins, prise dans le cadre de la procédure prévue par la loi Léonetti de 2005, correspondait au souhait de Rachel Lambert, l'épouse de Vincent, soutenue par cinq frères et soeurs de son époux, convaincus qu'il n'aurait pas souhaité vivre dans cet état.
La Cour est allée dans leur sens, considérant que le Conseil d'Etat avait pu "estimer que les témoignages qui lui étaient soumis étaient suffisamment précis pour établir quels étaient les souhaits de Vincent Lambert", et rejetant l'avis contraire des parents sur ce point.
- "Pas de soulagement ou de joie" -
Rachel Lambert s'est dite "bouleversée" par la décision de la CEDH: "Il n'y a pas de soulagement ou de joie à exprimer. () On aimerait que sa volonté soit faite".
Pour son avocat, Me Laurent Pettiti, il "serait très sage de respecter cette décision" de la CEDH. "Toutes les voies internes ont été épuisées et la voie européenne aussi", a-t-il souligné.
Mais les parents n'entendent pas baisser les bras. Leurs avocats ont estimé que le CHU de Reims devait prendre "une nouvelle décision médicale", dans la mesure où celle qui a été validée par la CEDH avait été prise par un médecin qui n'est aujourd'hui plus en poste.
De nouveaux recours en justice seraient dès lors à nouveau envisageables en France, estime Me Jean Paillot, conseil des parents.
Selon lui, la Cour a validé "la mise sous sédation profonde et définitive d'une personne handicapée qui n'est ni malade ni en fin de vie, et ceci jusqu'à ce que mort s'en suive".
Désormais en Europe "il est licite de supprimer les personnes handicapées qui seraient considérées comme devenues inutiles", s'est-il emporté, regrettant un "tournant majeur dans les droits fondamentaux".
- Portée européenne -
L'état de Vincent Lambert fait l'objet de désaccords. "Il n'est pas en fin de vie, il est handicapé", soutient Viviane Lambert.
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