La nuit noire est tombée sur le village espagnol d'Olias del Rey. Rassemblés dans un parc, des centaines d'hommes et de femmes attendent nerveusement l'arrivée de militaires. Ce sont les uniques survivants d'une invasion de zombies.
Pendant huit heures, ils devront encore leur échapper, pour ne surtout pas être contaminés et devenir à leur tour des morts-vivants.
La scène, bien réelle, implique près de 430 participants et se joue à 70 km au sud de Madrid dans cette bourgade de 7.200 habitants.
Il s'agit d'un jeu grandeur nature, "Survival Zombie", organisé pour la 22ème fois depuis 2012 en Espagne. Chacune de ses éditions aux quatre coins du pays attire de plus en plus d'adeptes - jusqu'à 3.000 pour les plus importantes, avec char, hélicoptère ou jet ski. La plupart des participants sont des hommes, âgés de 17 à 40 ans, même si le jeu est ouvert à tous à partir de dix ans.
Pablo Lueiro, 33 ans, et ses amis Juan Carlos Fernandez, 44 ans et Kathy Gonzalez, 23 ans, sont accros à cette "adrénaline" et comptent déjà à leur actif plusieurs nuits blanches de fuite devant les monstres.
"Quand tu joues, tu es presque convaincu de lutter pour ta survie", témoigne Pablo, testeur de jeux vidéo, évoquant même un sentiment de "peur", même si elle n'est que "psychologique".
C'est aussi l'occasion de retrouver l'enfance et ses parties de cache-cache, couplés au plaisir de l'effort physique, avoue Juan Carlos, équipé d'une lampe torche et de talkiewalkies. Lors d'une précédente nuit zombie, "nous avons marché près de 50 km!", dit-il.
- Stages de survie -
Les zombies sont à la mode depuis le début des années 2000 au cinéma, dans la littérature et les jeux vidéo, constate Jérôme-Olivier Allard, docteur en études cinématographiques à l'université de Montréal et passionné du genre, évoquant notamment le jeu vidéo "Resident Evil", un classique né à la fin des années 1990 ou plus récemment la série "The walking dead".
L'engouement est tel que les morts-vivants font l'objet d'études dans les universités d'outre-Atlantique. La fascination exercée par le zombie s'explique par le fait qu'il "colle aux peurs de chacune des époques", explique Maxime Coulombe, sociologue et auteur du livre "Petite philosophie du zombie".
L'individu drogué par un sorcier évoquant la peur de l'esclavage en Haïti au XVIIIe siècle s'est transformé en un mort avide de chair humaine en 1968 dans le film "La nuit des morts-vivants" de George Romero, et a ensuite muté, devenant le résultat d'une expérience scientifique ayant dérapé, débouchant sur des épidémies dans un contexte de fin de monde, énumère le Québécois.
Traditionnellement muet et gauche, le zombie peut désormais courir, voire parler, au grand dam des puristes.
Il a envahi les rues des Etats-Unis et du Canada au début des années 2000 lors de marches pouvant rassembler des milliers de personnes, avant d'essaimer sur les quatre autres continents.
En Grande-Bretagne, le jeu de rôle "2.8 hours later" s'inspire du film culte "28 jours plus tard" de Danny Boyle où une épidémie a transformé les habitants en créatures assoiffées de sang.
Au Canada, un camp de vacances propose aux adultes des stages de survie "à une attaque de morts-vivants".
"Nos sociétés contemporaines sont obsédées par la fin des temps", constate Maxime Coulombe.
Catastrophe environnementale, guerre nucléaire ou pandémie: la menace est partout. Elle obnubile les adeptes du survivalisme, qui construisent des abris et font des réserves de nourriture et d'eau.
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