Le gouvernement grec a reporté au 30 juin, soit à l'expiration du plan d'aide internationale à la Grèce, le remboursement des sommes qu'elle doit ce mois-ci au FMI, ce qui lui permet de gagner du temps pour se mettre d'accord avec ses créanciers.
"Les autorités grecques ont informé jeudi le Fonds monétaire international (FMI) qu'elles allaient regrouper les quatre échéances de juin en une seule, qui est maintenant celle du 30 juin", a indiqué le porte-parole de l'institution, Gerry Rice, à Washington.
Faisant usage d'une clause du règlement du FMI, rarement appliquée, en vertu de laquelle les pays membres peuvent regrouper des versements de courte durée "en un seul", Athènes doit ainsi rembourser le 30 juin, 1,6 milliard d'euros au total.
Initialement, la Grèce devrait rembourser 300 millions d'euros au FMI dès vendredi avant un deuxième versement le 12 juin de 340 millions d'euros et les deux derniers, les 16 et 19 juin, de 567 et 340 millions respectivement.
Ce report devrait donner un nouveau souffle à Athènes, en difficulté financière depuis plusieurs mois, et lui permettra de continuer les négociations avec les créanciers.
"Nous avons exploité une possibilité que nous donne le règlement du FMI et qui nous laissera plus de temps pour la négociation", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale grecque.
La demande faite en vue de faciliter le remboursement des dettes au FMI intervient au lendemain d'une importante rencontre à Bruxelles entre le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le Premier ministre grec Alexis Tsipras, au cours de laquelle des divergences de vues ont été signalées entre les deux parties sur un plan d'accord sur l'avenir financier de la Grèce.
- La balle est dans le camp de la Grèce, disent ses créanciers -
Athènes et ses créanciers, UE et FMI, travaillent depuis le 20 février, date d'un accord sur la prolongation de l'aide internationale à la Grèce jusqu'à fin juin, à la rédaction d'un plan commun des réformes qu'Athènes devrait adopter, une condition sine qua non du déblocage de la dernière tranche des prêts internationaux à ce pays, soit 7,2 milliards d'euros.
Les pourparlers avec les créanciers sont entrés dans un nouveau cycle de discussions au plus haut niveau mercredi et devraient se poursuivre les prochains jours, a assuré Alexis Tsipras mercredi à Bruxelles à l'issue d'un dîner de travail décrit comme "long et sportif" par M. Juncker et jugé "très bon" par le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, qui s'est également joint à cette rencontre.
Mais c'est à la Grèce de faire le prochain pas, selon ses partenaires, qui ont montré une "flexibilité considérable", a jugé Mme Lagarde.
La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé à la chaîne de télévision française France 2 jeudi soir qu'il fallait "des efforts notables de la part d'Athènes", soulignant que l'objectif des négociations est que la Grèce "reste" dans la zone euro.
"Maintenant, c'est à la partie grecque de dire ce sur quoi elle souhaite éventuellement bouger", lui a fait écho le ministre français des Finances, Michel Sapin.
Or, les divergences entre les plans de réformes et de mesures budgétaires des deux camps restent patentes. Alexis Tsipras, de retour à Athènes, a assuré à ses collaborateurs jeudi qu'aucune "proposition extrême" ne serait acceptée. Il doit informer vendredi le Parlement de l'état des négociations.
Le ministère grec des Finances a indiqué dans un communiqué que "la solution dont la Grèce et l'Europe ont besoin exige des propositions plus réalistes de la part des institutions (internationales) pour permettre la reprise économique".
Les créanciers ont présenté à Alexis Tsipras mercredi un plan de réformes dont certaines propositions ont été rejetées par Athènes.
Dans le plan des créanciers, "il y a des points que personne ne peut considérer comme une base de discussions", a-t-il jugé.
Des demandes "comme couper dans les retraites les plus basses ou augmenter la TVA sur l'électricité ne peuvent être des bases de discussions", a-t-il ajouté, estimant que l'offre grecque, un plan de réformes de 46 pages, "reste la seule proposition réaliste sur la table".
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