L'opérateur de téléphonie français Orange a officiellement annoncé jeudi son retrait d'Israël, quelques heures après le tollé provoqué par son PDG, accusé d'avoir cédé aux pressions d'organisations pro-palestiniennes.
Orange, partiellement contrôlé par l'Etat français, a assuré que sa décision de cesser "à terme" ses activités en Israël n'avait aucune motivation politique.
"Orange est un opérateur qui a pour premier objectif de défendre et de valoriser la force de sa marque dans l'ensemble des marchés où il est présent. Il n'a en aucun cas vocation à prendre part, sous une quelconque forme, à un débat politique", a expliqué l'opérateur dans un communiqué.
Il stipule qu'il respectera "strictement les accords existants". Orange est lié à l'opérateur israélien Partner par un contrat censé expirer en 2025.
La polémique n'avait cessé d'enfler en Israël après l'annonce la veille au Caire par le PDG d'Orange Stéphane Richard de "l'intention" de mettre fin au contrat le liant à Partner, qui peut utiliser sa marque.
Même s'ils n'en faisaient pas état, les propos de M. Richard ont été interprétés en Israël comme la volonté d'Orange de se dissocier des activités de son partenaire dans les colonies en Cisjordanie et Jérusalem-Est, occupées par Israël depuis 1967.
Ils ont donc été considérés comme une nouvelle tentative d'attenter à la légitimité d'Israël, dans un pays dont la classe politique ne parle que de cela depuis quelques jours.
"La face noire d'Orange", a titré le quotidien populaire Yedioth Ahronoth, à côté de la photo de M. Richard. "Orange n'est déjà plus un partenaire", a renchéri son concurrent Israel Hayom, soutien indéfectible du Premier ministre de droite Beamin Netanyahu, en jouant sur le nom de l'opérateur israélien.
Le gouvernement s'est immédiatement saisi de l'affaire. La ministre adjointe des Affaires étrangères Tzipi Hotovely a écrit dès mercredi au PDG d'Orange pour réclamer sèchement une clarification et le presser de ne pas prendre part "à l'entreprise de mensonges qui vise injustement Israël".
L'ambassadeur israélien à Paris a demandé jeudi des explications à l'Etat français, détenteur de 25% d'Orange, a dit le porte-parole des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon.
Par ailleurs, "nous attendons des excuses de la part d'Orange", a-t-il dit à l'AFP.
- "Très en colère" -
"Très en colère", Isaac Benbenisti, appelé à prendre la présidence de Partner le 1er juillet, a accusé Stéphane Richard de céder aux "pressions très importantes des (groupes) pro-palestiniens" et de participer à une grande campagne d'isolement d'Israël dans le monde.
Cinq ONG et deux syndicats avaient appelé Orange fin mai à annoncer son désengagement et à "dénoncer les atteintes aux droits humains commises par Partner". Selon leur rapport, Partner, en fournissant ses services dans les colonies, contribue à leur maintien.
La communauté internationale considère comme illégales les colonies, ces blocs construits et habités par des Israéliens dans les territoires occupés ou annexés par Israël depuis 1967, à commencer par la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Elle voit la colonisation comme un obstacle majeur à la recherche de la paix entre Israéliens et Palestiniens.
Orange a insisté sur le fait qu'il ne détenait aucune action ou droit de vote dans Partner et n'avait aucune emprise sur lui, et qu'en dehors de ses relations avec Partner, il n'avait pas la moindre activité en Israël.
Orange et Partner sont liés par un contrat de licence permettant à la société israélienne d'utiliser la marque et l'image d'Orange en échange d'une redevance. Le contrat a été signé en 1998, deux ans avant le rachat d'Orange par France Telecom. Début avril, Orange a fait amender le contrat, jusqu'alors illimité, pour qu'il expire en 2025.
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