Le procès à Rennes de Daniel Legrand, un des acquittés de l'affaire Outreau, entre jeudi dans sa dernière ligne droite avec les plaidoiries des parties civiles et de la défense mais surtout le réquisitoire de l'avocat général, qui devrait plaider l'acquittement.
Les deux avocats de Chérif et Dimitri Delay, deux des parties civiles, ont plaidé mercredi soir la culpabilité de l'accusé en tentant de retourner contre lui les aveux qu'il avait fait au cours de l'instruction du juge Fabrice Burgaud fin 2001 avant de se rétracter début 2002, en affirmant avoir voulu montrer que ses accusateurs mentaient.
Les avocats de Jonathan Delay, 21 ans, troisième partie civile, plaideront jeudi matin, et devraient eux aussi défendre la thèse de la culpabilité de Daniel Legrand pour ces faits de pédophilie, non encore jugés, qu'il était accusé dans l'instruction Outreau d'avoir commis lorsqu'il était mineur.
L'avocate d'Enfance Majuscule, la seule association partie civile au procès, Me Guérin, devrait également plaider.
Une autre association, Innocence en danger, qui avait rappelé au parquet général de Douai en 2013 ces accusations non jugées, entraînant la tenue de ce nouveau procès, n'est en revanche pas partie civile à ce procès, même si ses dirigeants et plusieurs adhérents sont présents.
Le réquisitoire de l'avocat général, Stéphane Cantero, devrait occuper le c?ur de la journée. M. Cantero n'a pas caché, au cours des onze jours de débats de ce procès entamé le 19 mai, qu'il entendait plaider l'acquittement de Daniel Legrand, déjà acquitté en 2005, comme l'avaient été douze autres des dix-sept accusés de cette affaire, qualifiée de "fiasco judiciaire".
Tout au long des débats, les faiblesses de l'instruction d'origine ont été pointées autant par M. Cantero que par les avocats de la défense, mais aussi par le président, Philippe Dary, qui a plusieurs fois rappelé qu'il était lui-même un ancien juge d'instruction pour appuyer ses critiques.
- La parole des enfants -
L'absence de datation précise des faits reprochés dans les mises en examen, mais aussi le fait que ces personnes n'aient eu droit au cours de l'instruction qu'à des confrontations collectives, face à plusieurs de leurs accusateurs en même temps - les parents des enfants Delay ainsi qu'un couple de voisins condamnés ensuite pour les viols - ont été notamment dénoncés.
La question de la parole des enfants, de jeunes hommes de 21, 23 et 25 ans désormais, à qui toutes les parties se sont attachées à réaffirmer le statut de victimes de viols répétés dans leur petite enfance, en particulier par leurs parents, a également été au c?ur des débats.
Le nom de "Dany Legrand", est bien issu d'une liste d'agresseurs retranscrite par une assistante familiale chez qui avait été placé Dimitry Delay en 2000, mais le fait qu'aucun des enfants victimes n'ait ensuite reconnu Daniel Legrand aux procès de 2004 et 2005 a été rappelé à de nombreuses reprises.
Chérif, Dimitri et Jonathan ont en revanche pour la première fois affirmé, à ce procès de Rennes, que Daniel Legrand faisait bien partie des agresseurs dont ils se souvenaient, accusant également plusieurs des autres acquittés.
Et si Chérif Delay a admis que certaines de ses autres dénonciations d'enfant pouvaient être fausses, Dimitri a pour sa part maintenu toutes ses accusations.
Mais la mère des victimes, Myriam Badaoui, principale accusatrice de cette affaire, qui avait déclaré en 2004 puis 2005 qu'elle avait menti pour tous les acquittés, a témoigné de nouveau à Rennes, tout comme les trois autres condamnés, que Daniel Legrand n'avait pas participé aux viols. Et même qu'ils ne le connaissaient pas avant l'instruction.
Le réquisitoire sera suivi par les plaidoiries de la défense.
Daniel Legrand est défendu par une demi-douzaine de ténors, notamment du barreau de Lille, parmi lesquels Frank Berton, Éric Dupont-Moretti, Hubert Delarue ou encore Julien Delarue, qui défendaient plusieurs des acquittés de cette affaire au cours des procès de Saint-Omer en 2004 et de l'appel à Paris en 2005.
Le verdict est attendu vendredi.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.