La Grèce et ses créanciers ne sont pas parvenus dans la nuit de mercredi à jeudi à se mettre d'accord sur les réformes à mettre en place pour débloquer rapidement une tranche d'aide financière, vitale pour le pays à court d'argent.
Aucun accord n'a été trouvé à l'issue du dîner de travail qui a réuni à Bruxelles le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le patron de la Commission Jean-Claude Juncker et le chef de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem. Même si la Commission européenne avait prévenu qu'il ne fallait pas trop en attendre, ce rendez-vous était porteur d'espoirs pour nombre d'observateurs.
Le climat a été jugé globalement "constructif" et "positif", mais des divergences demeurent entre Athènes d'un côté et ses créanciers, UE et FMI, de l'autre.
Chaque partie est en effet arrivée à la table des négociations avec son propre plan de réformes et l'ambition d'en faire la base des négociations.
Le plan d'Athènes, de 46 pages, inclut, selon la presse grecque, une réforme de la TVA, l'unification graduelle des caisses de retraites, la suppression des retraites anticipées et une accélération des privatisations de ce pays membre de la zone euro.
Le programme des créanciers a de son côté été élaboré après la réunion lundi au pied levé entre les dirigeants français et allemand, le président de la BCE, Mario Draghi, et la patronne du FMI, Christine Lagarde.
Ce texte, "n'est pas un +take it or leave it+, +tu prends ou tu laisses+, on n'en est pas là, il faut un vrai dialogue", avait souligné Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques, avant la réunion. "L'idée, c'est d'aboutir à un accord rapidement."
Dans le plan des créanciers, "il y a des points que personne ne peut considérer comme une base de discussion", a jugé in fine M. Tsipras. La Grèce "a subi ces cinq dernières années une grande catastrophe économique (). Des propositions comme couper dans les retraites les plus basses ou augmenter la TVA sur l'électricité ne peuvent être des bases de discussions".
"Le résultat est que la proposition grecque reste la seule proposition réaliste sur la table", a-t-il ajouté, tout en saluant des points positifs dans le plan des créanciers, comme "la proposition d'un excédent (primaire) plus faible" que celui de 3,5% du PIB réclamé au départ.
- Tsipras sous forte pression -
"On savait que Tsipras ne pouvait pas dire oui au paquet tel quel", a tenté de relativiser une source proche des négociations.
Les coupes dans les retraites et la TVA "sont les deux points les plus difficiles", a-t-elle reconnu, alors que dirigeant grec de gauche radicale s'était engagé à adoucir l'austérité et aura besoin d'une majorité parlementaire pour faire passer les réformes conditionnant le versement de l'aide.
La partie grecque est soumise à une forte pression. La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande se sont entretenus dans l'après-midi avec M. Tsipras. Tous trois "se sont mis d'accord sur la nécessité d'une solution immédiate", selon une source grecque.
"Les jours qui viennent sont décisifs", a insisté le président français.
De Francfort, le président de la BCE, Mario Draghi, a exigé un "accord solide" qui "produit de la croissance, inclut de la justice sociale, est pérenne du point de vue budgétaire et assure la stabilité financière" de la Grèce.
Le temps presse pour trouver un accord, alors que la Grèce, privée de versement de ses bailleurs de fonds depuis août, risque à tout moment la faillite.
Pour qu'un accord soit sur pied avant l'expiration du deuxième plan d'aide à la Grèce au 30 juin, le feu vert des créanciers et des 19 pays de la zone euro doit intervenir au plus tard lors de l'Eurogroupe du 18 juin.
Dans ce contexte, les discussions vont reprendre dans les jours qui viennent, probablement avant le week-end, selon plusieurs sources européennes. Une réunion de l'Euro Working Group, l'instance qui prépare les Eurogroupe, aura lieu jeudi pour faire le point.
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