La Manufacture française du cycle de Machecoul (Loire-Atlantique), où furent fabriqués les mythiques "Gitane" de Jacques Anquetil et Bernard Hinault, est entrée dans une nouvelle ère depuis son rachat en 2013 par Intersport et mise sur le vélo électrique pour accroître son développement.
Encore embryonnaire en France, avec seulement 77.500 vélos à assistance électrique vendus en 2014 contre 450.000 en Allemagne, le marché "a de l'avenir. On estime qu'il s'en vendra 200.000 d'ici quatre à cinq ans", assure Yves Salaün, directeur général de la Manufacture (MFC, ex-Cycleurope), la plus grande usine d'assemblage de vélos de l'Hexagone.
A Machecoul, "en 2013, c'était zéro vélo électrique, 1.000 en 2014 et ce sera entre 10.000 et 12.000 cette année", poursuit le directeur du site, où sont conçus et assemblés 20 modèles différents, dont des vélos de course et des VTT, car "le vélo électrique, ce n'est pas que pour la ville ou les personnes âgées".
Ce développement "dans chacune des familles" du deux-roues à assistance électrique est "une aubaine" pour l'usine, après des années de péripéties et d'incertitudes, souligne M. Salaün.
Premier "traumatisme", encore vivace chez les salariés de la "Micmo" -ancien nom de la Manufacture, et l'une des marques qui y est encore assemblée- le départ au début des années 2000 de la production des cycles "Gitane", lancée 70 ans plus tôt par le créateur de l'usine, Marcel Brunelière, un forgeron qui était surnommé "le gitan", et qui firent la gloire de Machecoul. Ceux enfourchés par Bernard Hinault et Laurent Fignon, deux vainqueurs du Tour de France, sont encore exposés dans le hall d'entrée du site.
En octobre 2012, nouveau coup de massue pour les 285 salariés: le groupe suédois Cycleurope, qui avait rapatrié les "Gitane" à Romilly-sur-Seine (Aube), annonce le placement en redressement judiciaire de sa filiale de Machecoul, spécialisée dans la vente de cycles pour la grande distribution et les enseignes de sport, arguant d'un ralentissement des ventes et d'une concurrence accrue.
- Nouvelle gamme en septembre -
En reprenant l'usine et 178 salariés l'année suivante, Intersport investit 6 millions d'euros pour relancer l'usine, rebaptisée "Manufacture française du cycle". Celle-ci se dote d'un laboratoire qualité pour tester les pièces, de la pédale à la selle, met en place une chaîne d'assemblage pilote pour diminuer les déplacements dans l'entrepôt et lance la construction d'une plateforme logistique pour stocker les produits finis avant de livrer en direct les magasins.
Et si les pièces ne sont plus usinées en Loire-Atlantique depuis la fin des années 90, les cadres des vélos, fabriqués essentiellement en Chine, seront désormais peints "à 80-90% ici contre 10% actuellement", indique Yves Salaün.
Environ 50 personnes ont été embauchées en CDI, portant l'effectif total à 225 salariés. Avec la relocalisation de certaines activités, dont l'assemblage des vélos Nakamura d'Intersport, qui étaient auparavant achetés au Portugal, en Italie et en Bulgarie, l'usine est passée de 131.000 vélos assemblés en 2013 à 245.000 en 2014, et table sur "350.000 en 2015", affiche le directeur général du site.
"C'est une belle histoire pour tout le monde. Le plus important, c'est la pérennité de la boîte, qui nous tient tous à coeur, et arriver à sauvegarder les emplois", soutient M. Salaün, qui a commencé sa carrière en 1980 chez les Cycles Peugeot et qui a connu Machecoul du temps où elle fabriquait encore des "Gitane".
"L'objectif de tous ces investissements est de produire 400.000 à 425.000 vélos en 2019-2020", dévoile le patron de la Manufacture, "serein" car l'entreprise "a plusieurs atouts pour survivre".
L'un d'eux, le lancement d'une nouvelle gamme en septembre, celle des VTT Sunn, une marque française rachetée fin 2013 par Intersport, doit permettre à l'usine de Machecoul d'attaquer le réseau de magasins spécialisés et de développer les ventes à l'export.
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