La Grèce et ses créanciers vont tenter mercredi soir à Bruxelles de débloquer un accord permettant de verser au pays une tranche de prêts vitale à sa survie financière, sous pression de Berlin et de Paris.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras rencontrera à partir de 18H30 GMT le chef de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker, qui l'a convié à Bruxelles, deux jours avant que le pays, à court d'argent, ne doive rembourser 300 millions d'euros au FMI.
Outre MM. Tsipras et Juncker, le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, sera présent à ce dîner, avec des représentants de la BCE et du FMI, selon plusieurs sources européennes.
La rencontre ne débouchera pas sur un accord, a prévenu la Commission. Elle doit plutôt permettre d'ouvrir la voie à un accord sur une liste de réformes en vue du versement à la Grèce de 7,2 milliards d'euros promis de longue date.
Le président français François Hollande s'est pourtant montré optimiste, disant qu'un "possible règlement" pourrait être trouvé sous "quelques jours voire quelques heures".
M. Hollande a ensuite indiqué mercredi à l'AFP qu'il s'apprêtait à parler par téléphone avec M. Tsipras et la chancelière allemande Angela Merkel du dossier grec.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, tenant d'une ligne dure vis-à-vis d'Athènes, a lui jugé être "conforté" dans son pessimisme sur une issue rapide, après avoir lu les propositions du gouvernement grec, envoyées lundi soir aux créanciers.
Le parti de gauche radicale de M, Tsipras, "Syriza a réussi () à faire croire aux Grecs qu'il y aurait un moyen facile de rester dans la zone euro et ce sans faire de grands efforts de réformes qui sont en réalité dans l'intérêt de la Grèce", avait-il estimé plus tôt dans un entretien à la presse.
- Calendrier serré -
"Il faut que nous évitions la division", a plaidé M. Tsipras avant de s'envoler pour Bruxelles, avec dans ses valises le plan grec recensant sur 46 pages réformes et mesures budgétaires. Selon la presse locale, elles incluent une réforme de la TVA, l'unification graduelle des caisses de retraites, la suppression des retraites anticipées et une accélération des privatisations.
"Les dirigeants européens doivent avancer en faisant preuve de réalisme, comme le fait depuis trois mois le gouvernement grec () au profit d'une Europe unie", a ajouté le dirigeant de gauche radicale.
A Bruxelles, on entend négocier à partir de la position trouvée par les institutions après la réunion lundi au pied levé entre M. Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel, le président de la BCE, Mario Draghi et la patronne du FMI, Christine Lagarde.
C'est ce plan qui servira de "base" aux discussions, a insisté un porte-parole du ministère des Finances allemand.
De Francfort, M. Draghi, a exigé un "accord solide", qui "produit de la croissance, inclut de la justice sociale, est pérenne du point de vue budgétaire et assure la stabilité financière" de la Grèce. Il a précisé qu'il ne se rendrait pas à Bruxelles mercredi soir.
Le temps presse pour trouver un accord, alors que la Grèce, privée de tout versement de ses bailleurs de fonds depuis août, risque la faillite.
Vendredi, le pays doit faire un remboursement au FMI, premier versement d'un total de 1,6 milliard d'euros dus à l'institution de Washington en juin. Si Athènes dispose des fonds, selon une source familière de ces transactions, le gouvernement a laissé entendre que des gages d'accord seraient nécessaires pour envisager les prochains paiements.
Le groupe parlementaire Syriza de M. Tsipras se réunira jeudi pour examiner les offres d'accord, une étape essentielle car M. Tsipras aura besoin d'une majorité parlementaire pour faire passer les réformes conditionnant le versement de l'aide.
Pour qu'un accord soit sur pied avant l'expiration du deuxième plan d'aide à la Grèce au 30 juin, le feu vert des créanciers et des 19 pays de la zone euro doit intervenir au plus tard lors de l'Eurogroupe du 18 juin.
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