La Grèce espérait mardi emporter l'adhésion de ses créanciers et desserrer l'étau sur ses finances publiques grâce à une version complétée du plan de réformes attendu depuis des mois, saluée comme un progrès mais jugée encore insuffisante par des responsables européens.
"Des progrès sont enregistrés, mais c'est vraiment insuffisant", a déclaré Jeroen Dijsselbloem le patron de l'Eurogroupe qui est aussi ministre des Finances des Pays-Bas, dans un entretien mardi à la télévision néerlandaise privée RTL.
Une porte-parole de la Commission européenne a elle aussi déclaré mardi qu'il était trop tôt pour parler d'un accord entre la Grèce et le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne.
Après un mini-sommet impromptu de ses créanciers à Berlin lundi soir, Athènes avait voulu reprendre la main, annonçant avoir remis une copie révisée de ses propositions.
"Un plan complet" de réformes a été envoyé lundi soir à l'UE, la BCE et au FMI, en charge de l'assistance financière apportée au pays depuis 2010, a déclaré le Premier ministre Alexis Tsipras depuis la capitale grecque.
Sans donner de détails sur ces 46 pages de mesures budgétaires et de réformes, Alexis Tsipras a qualifié les propositions grecques de "réalistes" pour sortir le pays de la crise économique et sociale.
Une source gouvernementale a précisé que les propositions s'inscrivaient dans la ligne celles évoquées par le Premier ministre dans une tribune diffusée dimanche par le quotidien français Le Monde.
M. Tsipras énumérait plusieurs engagements que son gouvernement était prêt à prendre: des excédents budgétaires primaires (hors charge de la dette) moins élevés que prévu pour 2015 et 2016 mais plus élevés pour les années suivantes, "une grande réforme de la TVA", la refonte du système de sécurité sociale via l'unification des caisses, la suppression des retraites anticipées, des processus de privatisations.
En contrepartie, il insistait sur la nécessité de ne pas détricoter davantage la législation nationale du travail, et de ne pas procéder à de nouvelles réductions des pensions de retraite.
Le courant le plus à gauche du parti Syriza de M. Tsipras, arrivé au pouvoir en janvier, multiplie en effet les mises en garde contre de trop grands renoncements.
"Si l'accord est mauvais pour le gouvernement, le peuple et le pays, il ne sera même pas soumis au parlement il y aura des élections", a averti mardi le secrétaire d'Etat aux assurances sociales, Dimitris Stratoulis.
- Des progrès "sérieux" -
La Commission européenne a salué comme un "bon signe" la circulation de documents de travail entre Bruxelles et Athènes, sans confirmer la réception d'un plan de réformes précis. Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a évoqué des "progrès sérieux", notamment sur la question épineuse du système de retraites et sur la TVA.
Mais il reste "du chemin à faire" jusqu'à un accord, a-t-il ajouté. "Nous n'y sommes pas encore", a également déclaré Annika Breidthardt, porte-parole de la Commission en charge des Affaires économiques.
Deux source européennes proches des négociations ont souligné mardi "la détermination politique" pour progresser vers un accord, peut-être dès cette semaine, l'une d'elles soulignant le changement d'ambiance dans les discussions entre les deux parties qui semblent mieux se comprendre.
Les experts techniques de l'Eurogoupe des ministres des finances de la zone euro feront le point mercredi lors d'une conférence téléphonique avant de se réunir la semaine prochaine.
Signe de cette détermination: l'initiative lundi soir de réunir au pied-levé chez Angela Merkel à Berlin, où le président français François Hollande était en déplacement, les principaux protagonistes du dossier grec: la directrice générale du FMI Christine Lagarde, le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Le temps presse pour un accord entre la Grèce et ses créanciers alors que le pays, dont les finances sont à sec, doit rembourser vendredi une tranche de prêts de 300 millions d'euros au FMI, premier versement d'un total de 1,6 milliards d'euros dus à l'institution de Washington en juin.
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