Nombre de Chinois disparus sur le bateau de tourisme qui a chaviré sur le Yangtsé avaient acheté leur croisière à la même agence de voyage de Shanghai: mardi, des dizaines de leurs proches effondrés y ont accouru en quête d'informations, en se raccrochant encore à un infime espoir.
Mais ils ont trouvé porte close: l'agence Xiehe, située dans un bâtiment commercial anonyme de la métropole économique chinoise, n'a pas ouvert après le naufrage, probablement très meurtrier.
Du coup les personnes présentes, dont certaines craquaient nerveusement, n'ont aucune réponse à leurs questions: qui sont les rares survivants sur les 458 occupants du navire? Où se trouvaient les passagers au moment du naufrage? Où en sont les secours?
La plupart des disparus lundi soir sur le navire "Etoile de l'Orient", qui s'est retourné non loin de la fameuse région touristique des Trois Gorges, étaient âgés de plus de 60 ans. Les proches rassemblés à Shanghai sont souvent des adultes, dont les parents retraités s'étaient offert une croisière fluviale.
Au milieu des pleurs ambiants, un homme éploré s'exclame: "Pardon, maman et papa ! Je ne vous ai pas assez montré ma piété filiale !", faisant ainsi référence à cette tradition confucéenne, centrale dans la société chinoise.
"J'ai encore tant de choses que j'aurais aimé leur dire. Comment imaginer qu'ils ne reviendraient pas sains et saufs (de ce voyage)", confie-t-il en larmes.
A l'intérieur de l'agence de voyage, on entend les téléphones sonner dans le vide. Sur la devanture est simplement apposé un avis indiquant que les responsables sont partis gérer la crise suscitée par le naufrage.
Une course contre la montre se déroulait en effet mardi pour tenter de sauver d'éventuels survivants qui auraient pu trouver refuge dans des poches d'air sous la coque de l'épave, qui émerge en partie.
L'accident pourrait se révéler le plus terrible en bilan humain depuis des années dans une Chine où la sécurité des transports s'est pourtant grandement améliorée.
M. Chen avait sa soeur, âgée de 69 ans, et son beau-frère, parmi les passagers du funeste navire.
"J'ai appris le naufrage vers 06H00 ce matin aux actualités et je me suis précipité ici vers 07H00. On attend depuis des heures, mais on ne reçoit aucune information", se désole-t-il.
Un autre parent évoque lui un groupe de 20 retraités qui avaient embarqué ensemble, pour cette croisière sur le Yangtsé, l'immense fleuve connu pour être l'une des principales attractions touristiques du pays.
Un sexagénaire, qui se présente sous le nom de M. Zhang, relate avoir discuté lundi par téléphone avec son épouse, présente sur le bateau, quelques heures avant le drame. Celle-ci lui a décrit les mauvaises conditions climatiques auxquelles faisait face le navire.
"Je l'appelle d'ordinaire deux fois par jour, mais aujourd'hui personne n'a répondu", dit-il.
La Chinoise s'était offert cette croisière de deux semaines, proposée à un prix de 3.000 yuans (450 euros), sur un trajet reliant deux anciennes capitales chinoises, Nankin (est) et Chongqing (centre).
"Personne ne nous fournit d'information, alors que même (le Premier ministre) Li Keqiang se trouve sur place. L'agence de voyage pourrait au moins nous offrir un peu de réconfort", déplore M. Zhang.
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