Malgré les signes de reprise, 26.200 chômeurs sans activité supplémentaires ont poussé en avril la porte de Pôle emploi, où ils sont désormais 3,53 millions. Un nouveau record qui a décidé le gouvernement à dégainer une rallonge de 100.000 contrats aidés.
En incluant les demandeurs d'emploi ayant eu une petite activité, 5,34 millions de personnes -5,64 avec l'Outre-mer- cherchent désormais du travail en France, du jamais-vu.
Face à cette nouvelle flambée, le ministre du Travail François Rebsamen a annoncé le financement de 100.000 contrats aidés supplémentaires pour 2015, en plus des 450.000 en cours.
Parmi les indicateurs au rouge vif en avril, le chômage des seniors (+8,7% en un an) et le chômage de longue durée (+10,2% en un an). Même celui des jeunes, qui avait connu une accalmie grâce à la politique de l'emploi, affiche une dégradation (+2,2% en un an).
"Le seul enjeu que nous devons avoir, c'est porter une exigence de croissance à moyen et long terme () et de faire que la lutte contre le chômage soit l'objectif de toutes les décisions que nous avons à prendre" en Europe, a réagi François Hollande depuis Berlin.
Le chef de l?État, qui a vu affluer près de 600.000 nouveaux chômeurs depuis son élection, a conditionné une éventuelle candidature en 2017 à une baisse du chômage.
"Je veux donner un message d'espoir aux femmes et aux hommes qui sont aujourd'hui privés d'emploi", "les chiffres de la croissance sont supérieurs aux prévisions" mais "il y a incontestablement un décalage entre la reprise d'activité et les embauches", a noté François Rebsamen.
"Il faut continuer à se battre pour maintenir un taux de croissance () qui nous permette d'atteindre les fameux 1,2-1,5% qui, en fin d'année, devraient nous permettre de faire baisser le nombre de demandeurs d'emploi", a-t-il poursuivi.
En annonçant à la mi-mai que la croissance avait fait un bond inattendu de 0,6% au premier trimestre, l'Insee avait dopé les espoirs du gouvernement.
Le ministre des Finances, Michel Sapin, juge désormais "parfaitement possible" que la France atteigne le fameux seuil de 1,5% fin 2015.
- 'Déprimant' -
"Si le bon chiffre du premier trimestre se confirme, on va avoir un retournement sur le front de l'emploi, mais il faudra attendre un à trois trimestres", estime Bruno Ducoudré, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Les bonnes nouvelles devraient donc se faire encore attendre. C'est en tout cas ce que pensent les organismes internationaux et l'Institut national de la statistique, qui table sur une poursuite de la hausse du chômage au moins jusqu'à cet été.
Selon Bruno Ducoudré, "le CICE et le pacte de responsabilité, conjugués à la baisse de l'euro et des prix du pétrole, vont permettre une amélioration, mais on ne connaît pas le timing." Les chiffres d'avril sont mauvais "car on hérite encore des mauvais chiffres de la croissance de 2014", dit-il.
Pour Philippe Waechter (Natixis), ces nouvelles statistiques sont "déprimantes". "On a le sentiment que personne ne croit à une possible reprise. À l'automne le sentiment était plus positif", dit-il.
Eric Woerth, délégué général à l'Economie et aux Finances du parti "Les Républicains" et député, a de son côté dénoncé un "échec de la majorité à relancer l?emploi en France de plus en plus grand".
Côté syndicats, la CFDT a appelé les entreprises à "assumer leurs responsabilités, innover et investir au service de l?emploi de qualité." Le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, a une nouvelle fois pointé "un problème de politique macroéconomique".
Après l'échec des politiques de l'emploi classiques à base de contrats aidés, le gouvernement mise essentiellement sur le pacte de responsabilité, avec ses 40 milliards d'euros d'allègements de cotisations sociales et fiscales à horizon 2017.
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