Malgré les signes de reprise, 26.200 demandeurs d'emploi sans activité supplémentaires ont poussé en avril la porte de Pôle emploi, où ils sont désormais 3,53 millions. Ce nouveau record a décidé le gouvernement à dégainer une rallonge de 100.000 contrats aidés.
En incluant les chômeurs ayant eu une petite activité, la hausse en avril est d'une ampleur inédite depuis 2013 (+54.100). 5,34 millions de personnes, 5,64 avec l'Outre-mer, cherchent désormais du travail en France, du jamais-vu.
Face à cette forte hausse, le ministre du Travail François Rebsamen a annoncé dans un communiqué qu'il y aurait 100.000 contrats aidés supplémentaires en 2015, en plus des 450.000 en cours.
Quelque 60.000 demandeurs d'emploi supplémentaires entreront aussi en formation cette année, a indiqué le ministre.
Parmi les indicateurs au rouge vif en avril, le chômage des seniors (+8,7% en un an) et le chômage de longue durée (+10,2% sur un an).
Même celui des jeunes, qui avait connu une accalmie grâce notamment à la politique de l'emploi (emplois d'avenir, contrat de génération), connaît une dégradation (+2,2% sur un an).
"La croissance économique enregistrée au premier trimestre (+0,6%), dynamisée par la montée en charge du pacte de responsabilité et de solidarité, a été plus forte que la moyenne de la zone euro. Il faut toutefois un délai de plusieurs mois avant que la reprise de l?activité ne se traduise par des embauches", fait valoir François Rebsamen dans son communiqué.
"Ce que je sais, c'est que l'année 2015 sera meilleure que l'année 2014", car "la reprise économique est là", avait-il assuré la semaine dernière, repoussant l'espoir d'une embellie à la fin de l'année.
"Il faut, disent les économistes, un niveau de croissance entre 1,3 et 1,5% pour que le chômage commence à refluer. C'est l'espérance du gouvernement, on fait tout pour qu'il y ait ce taux de croissance à la fin de l'année. Si tel est le cas, on verra le chômage refluer", pronostique François Rebsamen.
- Pas d'assouplissement du CDI -
En annonçant à la mi-mai que la croissance avait fait un bond inattendu au premier trimestre, l'Insee avait dopé les espoirs du gouvernement.
Le ministre des Finances, Michel Sapin, juge désormais "parfaitement possible" que la France atteigne le fameux seuil de 1,5% fin 2015, alors que l'hypothèse du gouvernement sur l'ensemble de l'année est de 1%.
"Si le bon chiffre du premier trimestre se confirme, on va avoir un retournement sur le front de l'emploi, mais il faudra attendre un à trois trimestres", a estimé Bruno Ducoudré, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Les bonnes nouvelles devraient donc se faire encore attendre. C'est en tout cas ce que pensent les organismes internationaux et l'Institut national de la statistique, qui table sur une poursuite de la hausse du chômage au moins jusqu'à cet été.
Selon Bruno Ducoudré, "on est dans un moment un peu charnière". "Le CICE et le pacte de responsabilité, conjugués à la baisse de l'euro et des prix du pétrole, vont permettre une amélioration, mais on ne connaît pas le timing."
Après l'échec des politiques de l'emploi classiques à base de contrats aidés, le gouvernement mise essentiellement sur le pacte de responsabilité, avec ses 40 milliards d'euros d'allègements de cotisations sociales et fiscales à horizon 2017.
Au départ, le gouvernement espérait jusqu'à 500.000 créations d'emplois, mais le président François Hollande a lui-même reconnu que le pacte "n'aurait d'effet qu'à moyen terme", n'excluant pas que "le mandat suivant en bénéficie".
Le chef de l?État, qui a vu affluer près de 600.000 nouveaux chômeurs depuis son élection, conditionne une éventuelle candidature en 2017 à une baisse du chômage.
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