Le procès du père du petit Mathis, accusé d'avoir enlevé son fils, disparu à l'âge de 8 ans en 2011, s'ouvre lundi devant les assises à Caen, avec le mince espoir que l'accusé dise enfin ce qu'il a fait de l'enfant.
"La seule chose qu'on attend, c'est que (Sylvain) Jouanneau parle. Mais on n'en est pas du tout certain", confiait jeudi à l'AFP Nathalie Barré, la maman de Mathis, qui se bat depuis presque quatre ans pour retrouver son fils. Mme Barré et M. Jouanneau ont divorcé en 2007.
Le procès doit durer quatre à cinq jours.
Le père de l'accusé, Jean-Pierre Jouanneau, a indiqué dans un entretien diffusé vendredi sur internet par France 3 Basse-Normandie que, si la cour l'y autorise, il demanderait à son fils de "donner des informations pour que Mathis soit retrouvé". Mais "après trois années et demi d'emprisonnement, qu'est-ce qui pourrait le faire craquer? Je le souhaite mais au fond de moi-même, j'y crois pas", a-t-il ajouté.
Arrêté le 9 décembre 2011, Sylvain Jouanneau avait enlevé son fils à Caen le weekend du 2 au 4 septembre, à la faveur d'un droit de visite et d'hébergement. Depuis, il affirme avoir confié l'enfant à des tiers. En 2012, il a dit ne pouvoir parler pour "protéger" Mathis.
L'avocate de Sylvain Jouanneau, Véronique Demillière, a assuré à l'AFP que son client "attend avec impatience ce procès pour montrer qu'il n'est pas mutique". Mais "je pense qu'il ne souhaite pas" dire à qui "il a confié" l'enfant "parce qu'il n'a pas envie d'envoyer des gens qui lui ont fait confiance derrière les barreaux", a-t-elle ajouté.
- "En sécurité" -
Mais il est possible que M. Jouanneau, "animé" selon le parquet d'un désir de "vengeance" envers son ex-femme, ait tué l'enfant. Il a été vu par des témoins dans le sud de la France, toujours seul.
Ce maçon de 41 ans comparaît pour enlèvement et séquestration de mineur et menaces de mort sur une ex-compagne, avec laquelle il a eu une liaison interrompue en août 2011, et deux de ses proches.
Mais une information judiciaire distincte, ouverte contre X pour meurtre en avril 2013, est toujours en cours. Car le mystère reste entier.
Le 4 septembre 2011, Sylvain Jouanneau, dont le casier judiciaire est vierge, va chercher son fils à l'école vers 18h00, comme le prévoit son droit d'hébergement. Mais l'homme, qui a effectué plusieurs séjours en hôpital psychiatrique par le passé, ne le ramène pas comme prévu le dimanche soir chez Mme Barré. Il expliquera avoir dit à Mathis que sa mère et son compagnon était morts dans un accident de voiture.
Le mercredi suivant, le camping-car de l'accusé est retrouvé à Villers-Bocage, à 35 km de Caen avec son passeport. Le lendemain, le 10 septembre, c'est sa Peugeot 206 Break qui est découverte à 5 km de Bayonne. Aucune trace de sang n'est mise en évidence dans les véhicules. Dans le Break, les enquêteurs trouvent des emballages de petits jeux de voyage et des tickets d'achats de jouets et de trois livres sur l'islam effectués le 30 août à Caen. Sylvain Jouanneau s'est converti à cette religion après une relation en 2006-2007 avec une jeune femme marocaine.
Selon une source judiciaire, en 2011 M. Jouanneau a écrit que Mathis était "en sécurité" avec des personnes en lesquelles il disait avoir "toute confiance", et que "(ses) frères musulmans" prendraient en charge l'avenir de Mathis s'il devait arriver quelque chose à son père. Il affirmait aussi être soutenu "par des complices sûrs et puissants".
Sylvain Jouanneau qui, selon les enquêteurs, avait préparé "de longue date" cet enlèvement est, lors de son arrestation, "sale comme quelqu'un qui vit dans des conditions précaires", précise à l'époque le procureur de Caen Catherine Denis.
Malgré des recherches dans des institutions musulmanes et chrétiennes en Espagne, en Italie et au Maroc, et dans des associations de type sectaire en France, Mathis reste introuvable.
Son père encourt 30 ans de prison.
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