Dans une grande pagode rénovée avec des matériaux naturels au coeur du bois de Vincennes, le bouddhisme français tient ce week-end sa fête annuelle, retrouve des reliques du Bouddha historique et creuse un sujet qui lui est cher: la préservation du climat.
Le lieu est atypique, avec son esthétique lorgnant l'Afrique autant que l'Asie. Le haut bâtiment (28 mètres) construit pour être le pavillon du Cameroun lors de l'Exposition coloniale de 1931 a été transformé en 1977 en pagode afin que les diverses communautés bouddhistes, asiatiques notamment, puissent y célébrer leurs fêtes cultuelles et culturelles.
"Il y a plus de 300 lieux de culte bouddhiques en France, mais pas de lieu commun à toutes les traditions. La grande pagode joue ce rôle de lieu de rassemblement", explique à l'AFP Olivier Wang-Genh, président de l'Union bouddhiste de France (UBF), instance représentative d'une confession qui revendique un million de pratiquants et cinq millions de sympathisants dans l'Hexagone.
L'endroit avait un sérieux besoin de travaux, attendus durant plusieurs années. "Les enduits étaient devenus noirs, il y avait énormément de trous dans les plâtres, les structures, les pigeons s'infiltraient et faisaient des dégâts La structure du portique shintoïste ne tenait plus, il était abîmé, les poteaux étaient fissurés", énumère Liliane Lefait-Chatel, responsable bénévole des lieux. Un an a été nécessaire pour rénover les parties extérieures de l'édifice, des travaux couverts par une subvention d'un million d'euros de la ville de Paris, propriétaire des lieux.
- Statue dorée -
L'enduit des façades, un mélange de plâtre de Paris et de fibres végétales, a été réalisé dans un jaune lumineux qui rappelle la couleur de la robe de certains moines bouddhistes. Les piliers en mélèze entourant le bâtiment ont été refaits, de même que la "roue du dharma" ornant l'entrée, un symbole des sagesses bouddhiques. A l'intérieur, rien n'a bougé ou presque: la statue dorée du Bouddha, réputée être la plus haute d'Europe avec ses dix mètres, est toujours là. "Quand j'arrive ici, il me calme. Je n'ai même pas besoin de prier", confie la responsable du bâtiment.
Ce week-end, ils devraient être au moins 2.000, croyants, officiels ou simples visiteurs, à admirer l'endroit. L'Union bouddhiste de France (UBF), qui loue les lieux à la ville pour 6.500 euros par an, inaugurera samedi la pagode rénovée lors de sa traditionnelle Fête du bouddhisme, organisée tout le week-end, avec tables rondes, conférences, stands et animations. Une veillée aura lieu pour Vesak, la plus grande fête du bouddhisme, qui célèbre à la pleine lune de mai la naissance, l'éveil et la mort de Shakyamuni ou Siddharta Gautama, il y a 2.600 ans.
La fête marquera aussi le retour au bois de Vincennes de reliques du Bouddha historique confiées par la Thaïlande à la France en 2009, et qui avaient été recueillies par un monastère tibétain de Dordogne le temps des travaux à la pagode. Ces petites perles issues de la crémation retrouveront leur place dans leur crypte, dans le socle de la grande statue. "En respectant les reliques, nous respectons notre propre vie et nos pratiques", témoigne Olivier Wang-Genh, moine zen soto qui préfère parler de "grand respect" plutôt que de vénération.
Dans le poumon forestier du bois de Vincennes, non loin du lac Daumesnil, ce week-end festif sera placé sous le signe de la nature, avec également la tenue d'assises consacrées au dérèglement climatique, six mois avant la cruciale conférence de Paris (COP21). Une évidence pour les responsables bouddhistes, en pointe sur ce sujet, qui aiment à rappeler à la suite de l'enseignement du Bouddha que "l'homme et son environnement ne font qu'un".
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