Adieu la camionnette, place à la bicyclette: qu'ils soient plombiers, déménageurs ou livreurs de repas, une vingtaine d'entrepreneurs nantais ont décidé de ne travailler qu'à vélo, un mode de déplacement pratique mais aussi écologique.
A Nantes - 450 km de pistes cyclables mais aussi "l'une des villes les plus embouteillées de France" - le "stress" était trop important pour Valentin Moirez, déménageur, passionné de vélo et co-gérant de la société Chronovélo, l'un des 25 membres des "Boîtes à vélo", un collectif unique en France.
"Sur un vélo, on se sent libre, on se faufile. Et pour évacuer le stress, il suffit de pédaler un peu plus fort (..). Quand on a connu la liberté du vélo, il n'est plus pensable de retourner dans un bureau", explique-t-il, le sourire aux lèvres.
Avantages: "pas de frais d'essence, jamais de problèmes de stationnement", un mode de déplacement qui "a le vent en poupe" donc, "des vélos adaptés à tous les efforts, biporteurs, triporteurs, ou vélos électriques". Inconvénients: "la chaleur et le vent", qui rendent plus difficile le transport des gros colis "à la force des jambes", relève le jeune homme.
"Des personnes nous regardent un peu avec les yeux écarquillés parce qu'on transporte sur une remorque des frigos, des canapés, des gazinières. Sur un plateau, on peut mettre un petit frigo, une machine à laver, un sèche-linge, et par-dessus un canapé, et encore au-dessus un matelas deux places et un sommier (). On livre vraiment de tout, sauf des pianos", précise-t-il.
- 'Un geste citoyen' -
Masseur, jardinier, nettoyeur de vitres, livreur de crêpes ou de hot-dogs, libraire: le collectif "Les Boîtes à vélo", fondé en 2013 par une poignée d'entrepreneurs qui avaient pris l'habitude de se croiser dans les rues de la ville, s'est étoffé en deux ans.
S'ils sont tous autonomes et exercent des métiers très divers, le collectif leur permet d'échanger et de s'entraider, et l'ouverture d'un local il y a quelques mois sur une place centrale de Nantes leur a également permis de gagner en visibilité.
Un avantage pour Anthony Marchand, un plombier qui s'est installé à son compte après avoir exercé en entreprise et en voiture. Une remorque accrochée à son vélo lui permet de "transporter des chauffe-eau, jusqu'à 90 kilos" et tous ses outils sont contenus dans deux sacoches de part et d'autre de sa bicyclette.
"On a très peu de frais de déplacements, de véhicule, d'entretien, forcément ça se répercute sur la facture. Pour des petites interventions, () ça peut aller jusqu'à 20 euros moins cher", met-il en avant.
Pour Sophie Michaud, gérante-créatrice d'"Ozon", une cantine itinérante dédiée aux entreprises, le vélo a aussi "été une évidence", voire "un geste citoyen" dans cette ville élue capitale verte en 2013 et qui accueille du 2 au 5 juin le congrès mondial "Velo-City".
"Je travaillais dans un bureau de la périphérie nantaise et il n'y avait pas de solution pour manger le midi. Nous avons lancé des partenariats avec des entreprises privées qui n'ont pas de service de restauration et le vélo permet de transporter jusqu'à 100 repas, et de s'intégrer plus facilement dans les cours d'entreprises", retrace-t-elle.
"Quand on a créé Ozon il y a deux ans et demi, les +food trucks+ (camions de restauration, ndlr) n'étaient pas encore démocratisés, donc manger dans la rue n'était pas encore évident. Il a fallu faire nos preuves et on est dans les objectifs qu'on s'était fixés", avec cinq points de vente et autant de salariés, assure-t-elle.
Finaliste de l'édition 2015 des Eurostar Ashden Awards en faveur de la mobilité durable, le collectif des "Boîtes à vélo" espère maintenant "faire des émules, en France mais aussi en Europe", où il n'y a pas d'équivalent, souligne Valentin Moirez.
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