Rien de choquant ici car ce qui intéresse Argatti c’est tout simplement la beauté des lignes et les formes plastiques qui se créent au hasard de leurs croisements. Argatti s’inspire depuis longtemps du monolithe de 2001 l’Odyssée de l’espace de Kubrick, une forme récurrente dans ses peintures ou dans ses sculptures. Mais cette fois, ce monolithe est contraint dans un complexe enchevêtrement de fils rouges : « Ces liens expriment l’enfermement de la matière ou de l’esprit », explique le peintre. La pierre de récupération qui lui sert de base de travail est déjà dégrossie par la main de l’homme, puis elle se métamorphose sous le geste de l’artiste. « J’ai commencé cette série en mars dernier, c’est donc une vraie nouveauté. Chaque série est exploitée pendant 2 à 3 ans maximum et je travaille toujours conjointement la peinture, la gravure et la sculpture ».
De la biffure à la corde tendue
Dès ses débuts, Argatti procède par biffure. Le geste, dans ses toiles abstraites, dans ses gravures ou dans ses sculptures, reste toujours visible. La biffure est une sorte d’écriture, l’expression d’une colère et d’une violence réelle, et pourtant ses œuvres expriment une paradoxale quiétude : « La corde s’inscrit dans le prolongement de la biffure, elle vient nier la matière. Lors de mes premières études, c’est le mouvement des blés qui m’avaient inspiré la biffure. On peut y voir une certaine violence cependant. C’est une volonté de dénoncer la violence permanente de notre monde et c’est aussi une interrogation sur notre liberté chaque jour un peu plus contrainte ».
L’envers du décor
Cette visite d’atelier, permet de découvrir dans quelles conditions l’artiste crée. Il n’est ouvert au public que quatre à cinq fois par an, notamment à l’occasion des journées portes-ouvertes organisées par la CREA. Cette fois, il s’agit d’une initiative personnelle d’Argatti qui profitera de l’occasion pour pratiquer la gravure devant ses visiteurs. « Le fait de m’être consacré à la gestion de la galerie Manufacture 45 pendant 5 ans m’avait un peu éloigné de la création », déplore t-il, mais il reste un personnage bien connu des Rouennais et bien au-delà de nos frontières normandes car il était l’un des invités du musée de Ningbo en Chine, en avril et mars dernier.
Pratique. Vendredi 5 juin à partir de 18h, et samedi 6 juin à partir de 15h, ou visites à la demande sur rendez-vous. Atelier au 16 rue Georges d’Amboise à Rouen. Entrée libre. Tél. 06 77 79 00 53
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