Washington a appelé vendredi toutes les parties impliquées dans le dossier grec à "bouger" pour éviter "une crise", mais les Européens ont douché les espoirs d'accord rapide sur ce dossier qui a phagocyté un G7 Finances à Dresde (est de l'Allemagne).
"Toutes les parties concernées doivent bouger", a plaidé le secrétaire américain au Trésor Jack Lew à l'issue de la réunion, où selon lui la Grèce a fait l'objet d'un "certain nombre de conversations" en marge du programme officiel.
Pour le ministre "il doit y avoir de la flexibilité de la part des institutions" - la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI), qui attendent d'Athènes des engagements de réforme en échange de nouveaux fonds.
Mais dans le même temps "des décisions très difficiles" doivent être prises par les Grecs, a ajouté l'Américain, appelant instamment à "résoudre cela sans en arriver à une crise, dans l'intérêt de tous et de l'économie mondiale".
L'hôte de la réunion, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, a douché les espoirs d'accord rapide en estimant que les "annonces positives" du gouvernement grec ne "reflétaient pas complètement" l'avancement des discussions.
- Pas de "Grexit" -
Dans le même temps à Athènes le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis faisait remarquer qu'il restait à tous jusqu'au 30 juin - date d'expiration du programme d'aide qui sert de cadre aux discussions - pour trouver un accord.
"Ce ne serait pas la fin du monde si on attend encore trois semaines" pour conclure les négociations, selon le bras droit du Premier ministre Alexis Tsipras, Nikos Pappas.
Le pays doit effectuer un remboursement au FMI vendredi prochain, et a fait planer le suspense sur sa capacité à l'honorer. Ces derniers jours, il semble plutôt prêt à le faire. Un défaut sur ces échéances a en tout cas fait resurgir les craintes de sortie de la Grèce de l'euro - qui semblerait inévitable si le pays est en cessation de paiement.
"Il n'y a pas de scénario de Grexit", terme utilisé pour désigner une sortie de la Grèce du bloc monétaire, a martelé à Dresde vendredi le ministre des Finances français Michel Sapin, cherchant à relativiser des propos la veille de Christine Lagarde, directrice générale du FMI, qui a fait sensation en qualifiant de "possibilité" une telle hypothèse.
En tout cas, dans les négociations, "les résultats sont encore insuffisants", a estimé M. Sapin, en écho aux déclarations ces derniers jours de Mme Lagarde et du commissaire européen Pierre Moscovici.
Son Premier ministre Manuel Valls, en déplacement dans le sud de la France, lui a fait écho en assurant: "je reste convaincu qu'il sera possible de parvenir à un accord prochainement et nous ne travaillons nullement sur une sortie de la Grèce de la zone euro, ce n'est pas un scénario pour nous".
- Volé la vedette -
Le dossier grec n'était officiellement pas à l'ordre du jour à Dresde. "Il n'est pas venu troubler nos débats", a assuré le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer.
Mais il a certainement volé la vedette aux sujets que la présidence allemande voulait mettre au premier plan, à savoir les perspectives de croissance mondiale et le débat autour des meilleures politiques économiques, la lutte contre l'évasion fiscale et le financement du terrorisme, ou encore la régulation financière.
Le plaidoyer de M. Schäuble sur "la nécessité de mettre en oeuvre des réformes structurelles" et de "finances publiques saines", et les appels américains à "en faire plus pour la demande dans les pays aux larges excédents" avaient un petit goût de réchauffé, tout comme l'assurance des uns et des autres qu'ils continueront à coopérer dans la lutte contre l'optimisation fiscale et qu'ils sont d'accord pour soutenir l'Ukraine aussi.
Les grandes puissances - Etats-Unis, Canada, Japon, Royaume-Uni, France, Italie et Allemagne, dont les chefs d'Etat et de gouvernement se retrouvent les 7 et 8 juin en Bavière, dans le sud de l'Allemagne - ont aussi donné une impulsion pour élaborer un "code de conduite" des banques, tâche confiée au Comité de stabilité financière (Financial Stability Board) basé à Bâle. Et sont "toutes d'accord" pour soutenir un ajout de la devise chinoise renminbi à la liste des monnaies de référence du FMI, mais sans précipiter le processus, a indiqué M. Schäuble.
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