Offensif face à l'énorme pression internationale, Joseph Blatter a appelé vendredi les membres de la Fifa à "serrer les rangs pour aller de l'avant" à quelques heures du scrutin où il briguera un 5e mandat à la tête de l'instance secouée par un scandale planétaire de corruption.
Blatter, 79 ans, attaqué de toutes parts et notamment par le président de l'UEFA Michel Platini qui lui a personnellement demandé de démissionner jeudi, a pour adversaire le prince jordanien Ali bin Al Hussein, 39 ans, un de ses vice-présidents, qui se présente comme l'homme du changement.
- Blatter maintient son cap -
Dans son discours d'ouverture du congrès électif vendredi matin, le Suisse a appelé à "l'esprit d'équipe" pour "attaquer les problèmes": "Les évènements de cette semaine ont jeté une ombre. Essayons d'enlever cette ombre, on ne peut pas admettre que la réputation de la Fifa soit traînée dans la boue", avant de conclure: "Serrons les rangs pour aller de l'avant".
La bombe médiatique a explosé mercredi avec les deux procédures judiciaires distinctes diligentées par les justices américaine et suisse, pour corruption présumée à grande échelle, avec arrestations à Zurich de sept élus de l'instance dans un hôtel de luxe, inculpations en rafales et perquisitions de son siège.
Mais M. Blatter, entré à la Fifa en 1975 comme directeur technique et président depuis 1998, n'a vacillé ni cillé. Dès jeudi soir dans son discours d'ouverture du 65e Congrès, il s'était posé en victime de la corruption, lui qui ne "peu(t) pas surveiller tout le monde".
Selon lui, les suspects arrêtés "jettent la honte et l'humiliation sur le football et demandent des actions et du changement".
Le Suisse, qui a déjà surmonté de graves crises en 2002 et 2011, qui ne l'ont pas empêché d'être réélu à chaque fois, a aussi usé vendredi de sa célèbre métaphore marine en appelant les 209 fédérations composant la Fifa à lui laisser la barre pour que "le bateau ne tangue plus, et avance tranquillement".
Il avance en tout cas dans un océan de dollars: la Fifa a enregistré un bénéfice de 338 millions USD (308 M d'euros) sur la période 2011/2014 pour un chiffre d'affaires de 5,7 milliards de dollars (5,2 milliards EUR), grâce en grande partie aux revenus du Mondial-2014 au Brésil. Ses réserves s'élèvent à 1,5 milliard de dollars (1,36 md euros).
- Ali peut-il renverser Blatter ? -
C'est la question que tout le monde se pose. Michel Platini veut y croire: "Avant les événements de cette semaine, peut-être pas, mais maintenant avec ce qui s'est passé, je pense que Blatter peut être battu".
L'Afrique (54 voix) devrait rester fidèle à Blatter, considéré comme l'artisan de la première Coupe du monde organisée sur le continent en 2010.
La Jordanie, pays natal du Prince Ali, est rattachée à l'Asie (46 voix). Mais cette Confédération ne l'a pas reconduit à son poste de vice-président asiatique de la Fifa pour le prochain mandat qui s'ouvrira samedi, au lendemain de l'élection.
S'il n'est pas élu président, il ne sera plus au gouvernement du foot mondial. Le patron du football asiatique, le cheikh Salman bin Ebrahim al Khalifa (Bahreïn), est un fervent supporteur de "Sepp".
La Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes), 35 voix, a été frappée de plein fouet par les affaires, puisque son président (désormais ex-président) Jeffrey Webb fait partie des personnes arrêtées à Zurich. Comment votera-t-elle ? Les autres contingents, Océanie (11 voix) et Amérique du Sud (10), pèsent moins.
Chacune des 209 fédérations de la Fifa a une voix. L'UEFA, c'est-à-dire l'Europe (53 voix), est opposée à M. Blatter. A quelques exceptions près, comme la Russie. Moscou, supporter du Suisse, considère que l'action judiciaire pilotée depuis les Etats-Unis est une man?uvre pour empêcher la tenue du Mondial-2018 en Russie.
Les USA, froissés par l'attribution du Mondial-2022 au Qatar, voteront Ali.
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