Les ministres des Finances et banquiers centraux du G7 réunis à Dresde en Allemagne concluent leurs travaux vendredi, perturbés par les inquiétudes autour de la Grèce toujours loin d'un accord avec ses créanciers.
La journée de jeudi a déjà été placée entièrement sous le signe du feuilleton grec, "sujet important auquel nous pensons tous", selon l'un des participants à la réunion. Beaucoup d'entre eux, parmi ceux qui sont concernés par le dossier, se sont employés à démentir la version grecque, propagée la veille, d'un accord imminent, voire dont la rédaction aurait déjà commencé.
En fin de journée, par voie d'interview de presse, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde a même jeté un froid en jugeant que la sortie de la Grèce de la zone était "une possibilité". Le FMI a ensuite tenté de nuancer le propos, qui a fait l'effet d'une bombe alors que toutes les parties au dossier ont eu à c?ur jusqu'à présent de ne pas alimenter les spéculations de "Grexit".
La Grèce, sous perfusion financière du FMI et de ses partenaires européens depuis 2010 et dirigée depuis janvier par le gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras, négocie depuis février avec le FMI, la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne pour obtenir le versement d'une dernière tranche d'aide, de 7,2 milliards d'euros, alors que ses caisses sont vides. Les institutions veulent des engagements de réformes, dont beaucoup vont à l'encontre des promesses électorales de M. Tsipras.
- volé la vedette -
Après des avancées dans les discussions, le ton est à nouveau monté ces derniers jours, Athènes s'attaquant notamment au FMI. Et sur le fond il reste "beaucoup de travail", a fait savoir le commissaire européen Pierre Moscovici à Dresde.
Le dossier inquiète aussi les non-Européens présents dans la capitale saxonne. Le G7 rassemble les États-Unis, le Canada, le Japon, le Royaume-Uni, la France, l'Italie et l'Allemagne.
Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, a mis en garde contre un précédent dangereux. "A partir du moment où un pays quitterait la zone euro, elle ne serait plus la même union monétaire stable qu'avant", a-t-il dit au quotidien allemand Handelsblatt de vendredi.
Le dossier grec, qui n'était officiellement pas à l'ordre du jour, a en tout cas volé la vedette aux sujets que la présidence allemande voulait mettre au premier plan, à savoir les perspectives de croissance mondiale et le débat autour des meilleures politiques économiques, la lutte contre l'évasion fiscale et le financement du terrorisme, la régulation financière.
Les participants ont "beaucoup discuté" jeudi des raisons pour la faiblesse de la croissance mondiale, selon une source allemande. Pour aboutir au constat unanime, et de nature à plaire au pays hôte, que "des réformes structurelles sont incontournables" et le meilleur moment pour les faire "maintenant".
- Chine, Népal, Brexit -
La séance de travail de vendredi matin, avant les conférences de presse finales en milieu de journée, sera consacrée aux sujets d'actualité. La Grèce, objet de tant de conversations de couloir, pourra y être formellement évoquée, mais aussi l'Ukraine et sa situation financière, ou une possible aide financière au Népal sinistré début mai par un gigantesque séisme.
La discussion pourrait aussi porter sur l'avenir du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne alors que la délégation britannique autour de George Osborne s'est faite très discrète à Dresde, et que le Premier ministre David Cameron, fraîchement réélu et fermement décidé à demander leur avis à ses concitoyens sur le maintien dans l'UE, sera de passage vendredi à Berlin, après Paris la veille.
Devrait également avoir sa place dans la discussion le positionnement des partenaires sur la nouvelle banque d'investissement mise sur pied par la Chine, à laquelle les Européens du G7 veulent participer mais pas Washington, et la question de la devise chinoise, dont Pékin aimerait qu'elle rejoigne le panier des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI.
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