La Birmanie a accusé vendredi l'ONU de la "stigmatiser" à la réunion sur la crise des migrants en Asie du Sud-Est censée s'attaquer aux racines de cet exode qui prend sa source en Birmanie et au Bangladesh.
"Vous ne pouvez pas stigmatiser mon pays", a lancé le chef de la délégation birmane, Htin Lynn, visiblement énervé par des remarques du représentant du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Résoudre les causes de la crise "nécessitera que la Birmanie assume entièrement ses responsabilités, envers tous ses habitants", avait déclaré un peu plus tôt Volker Turk, haut-commissaire adjoint pour les réfugiés.
Le délégué birman a dénoncé cette mise en cause qualifiée de "politisation" de la part de l'organisation onusienne.
En Birmanie, les quelque 1,3 million de Rohingyas, qui prennent la mer par milliers, sont victimes de multiples discriminations dans ce pays marqué par un fort nationalisme bouddhiste. Vus comme une menace envers l'identité bouddhiste du pays, ils sont apatrides et n'ont accès ni aux hôpitaux, ni aux écoles ni au marché du travail.
La montée des violences communautaires a fait en 2012 quelque 200 morts, essentiellement des musulmans, et 140.000 déplacés. Cela a accéléré un exode en mer existant déjà depuis plusieurs années.
Mais le sujet est tabou et le terme "rohingya" non reconnu par la Birmanie, qui considère cette minorité musulmane comme des immigrés du Bangladesh voisin, même si certains vivent sur place depuis des générations.
Alors que la plupart des pays de la région n'osent pas hausser le ton face à la Birmanie sur le sujet, l'ONG Human Rights Watch appelle les participants à "faire pression sur la Birmanie comme la principale source du problème".
- "Déni des droits élémentaires" -
"Demandez aux délégués birmans de cesser immédiatement les mesures répressives et le déni des droits élémentaires qui conduisent les Rohingyas à fuir", ajoute l'ONG basée à New York dans un communiqué.
La problématique s'est retrouvée sur le devant de la scène depuis que des milliers de boat people ont été abandonnés en mer par leurs passeurs, à la suite d'une politique soudain répressive de la Thaïlande, pays de transit habituel, ayant eu pour effet de désorganiser les filières.
Ces dernières semaines, plus de 3.500 migrants affamés sont arrivés en Thaïlande, en Malaisie et en Indonésie. D'autres seraient encore pris au piège dans des bateaux en mer.
Les pays de la région s'étaient attirés les foudres de l'ONU et d'organisations humanitaires en refoulant vers le large des navires de migrants, avant que l'Indonésie et la Malaisie ne fassent volte-face récemment et annoncent qu'elles allaient secourir et offrir un accueil temporaire aux candidats à l'exil.
Des délégués de 17 pays, de l'Australie au Bangladesh en passant par les Etats-Unis, étaient réunis vendredi lors de cette rencontre pour tenter de trouver une solution.
"Le principal dossier est de sauver des vies et de s'attaquer aux réseaux", a déclaré le chef de la diplomatie thaïlandaise, Tanasak Patimapragorn, évoquant un "afflux de migrants illégaux" ayant "atteint des niveaux alarmants".
"Nous avons déjà donné l'autorisation aux Etats-Unis d'entrer dans l'espace aérien thaïlandais", a-t-il annoncé, alors que jusqu'ici Washington menait ses vols de surveillance avec la Malaisie, la Thaïlande faisant bande à part.
La police thaïlandaise continue à chercher des camps de migrants illégaux abandonnés à la frontière avec la Malaisie, où plus de 130 corps ont été retrouvés dans des fosses communes en pleine jungle, pour des migrants morts en route.
La question de l'accueil à long terme de ces milliers de migrants devait aussi être au centre des discussions, alors que la Thaïlande, la Malaisie et l'Indonésie ont mis en garde qu'elles ne les accueilleraient que temporairement.
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