Muhammadu Buhari devient vendredi le nouveau président du Nigeria à l'occasion d'une prestation de serment sans précédent dans l'histoire du pays, qui n'avait jamais connu de victoire de l'opposition sur un chef de l'Etat sortant.
A 72 ans, cet ancien putschiste va prendre les rênes de la première nation d'Afrique, tant par sa population que par son économie. Mais il sera immédiatement confronté à plusieurs chantiers majeurs, de la lutte contre le groupe islamiste Boko Haram aux graves problèmes économiques du pays.
Cette investiture intervient 32 ans après l'arrivée au pouvoir de ce général grâce à un coup d'Etat. Il avait été évincé 20 mois plus tard.
M. Buhari se décrit lui-même comme un "démocrate converti" et s'est engagé à diriger une administration qui soit au service des 173 millions de Nigérians en laminant le fléau de la corruption.
Pour les analystes, sa première tâche pourrait être bien plutôt de répondre aux attentes d'une population qui se bat depuis des décennies avec des infrastructures pitoyables, un chômage écrasant et des violences endémiques.
Il reste que "la passation de pouvoir () représente une étape significative dans le développement démocratique du Nigeria", pointe Clément Nwankwo, un ancien militant opposé au pouvoir des militaires, qui dirige désormais le Centre pour la défense des droits politiques et juridiques.
Si le régime civil a été restauré en 1999, le Parti démocratique populaire (PDP) du président battu Goodluck Jonathan n'avait jusque-là jamais lâché le pouvoir.
- Naira à un plancher historique -
La victoire le 28 mars de l'ancien putschiste a "heureusement surpris" M. Nwankwo. "Compte tenu de l'histoire électorale nigériane, dit-il, ça ne pouvait qu'être une surprise de voir un sortant battu."
Plusieurs dirigeants étrangers, dont le président sud-africain Jacob Zuma et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, assisteront à la cérémonie d'investiture, qui doit débuter à 09H00 (08H00 GMT).
Bien que le Nigeria soit le premier producteur de pétrole du continent, avec 70% de ses recettes provenant des ventes de brut, la chute des cours et une pénurie de carburant sans précédent ont quasiment paralysé le pays. L'Etat ne verse plus de salaires à des milliers de fonctionnaires, tandis que la monnaie locale, le naira, a atteint un plancher historique.
Muhammadu Buhari et son parti, le Congrès progressiste (APC), ont promis plus d'emplois, plus de sécurité et un meilleur approvisionnement en électricité. Mais avec des caisses publiques vides, les promesses risquent d'être difficiles à tenir.
"Vu que la nouvelle administration sera contrainte de manière significative au niveau de ses ressources, nous pensons que le plus grand défi de Buhari sera de gérer les attentes," analyse la société de recherche et d'investissement Renaissance Capital.
M. Buhari a gagné un large soutien des électeurs grâce à ses positions très fermes contre la corruption.
Cependant, les experts avertissent que pour maintenir sa fragile coalition, il pourrait bien avoir à travailler avec des hommes politiques au passé pas tout à fait irréprochable.
"Puisque l'APC est une coalition, il y a un risque que les compromis affaiblissent la qualité des nominations", et cela même au sein du gouvernement, alerte Renaissance Capital.
- Le défi Boko Haram -
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.