L'ex-confident de Liliane Bettencourt, François-Marie Banier, et le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal, Patrice de Maistre, ont tous deux été condamnés jeudi à Bordeaux à des peines de prison ferme pour "abus de faiblesse" au détriment de la milliardaire et "blanchiment".
Le tribunal correctionnel de Bordeaux a en revanche relaxé l'ex-ministre UMP Eric Woerth de toute responsabilité dans les deux volets de l'affaire pour lesquels il était poursuivi. "Je retrouve pleinement mon honneur", s'est réjoui sur Twitter le député de l'Oise, qui n'assistait pas au jugement. "Le tribunal met un terme à cinq ans d'accusations malveillantes et mensongères à mon égard, parfois instrumentalisées par des femmes et des hommes politiques sans scrupules", souligne-t-il.
François-Marie Banier, 67 ans, est condamné à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, 350.000 euros d'amende et 158 millions d'euros de dommages et intérêts à Liliane Bettencourt. Patrice de Maistre, 66 ans, écope quant à lui de trente mois de prison, dont douze avec sursis, et 250.000 euros d'amende.
Présents pour l'énoncé du jugement, les deux hommes ont quitté le tribunal sans une déclaration. Leurs avocats ont annoncé leur intention de faire appel de ces condamnations, à peine inférieures aux réquisitions prononcées en début d'année.
"C'est un jugement de condamnation de Liliane Bettencourt, de ses choix de vie, de ses choix d'amitié, c'est extrêmement choquant!", s'est indigné Laurent Merlet, un des avocats du photographe. "On a adopté à 100% une ordonnance de renvoi qui a été éminemment critiquable et critiquée à l'audience", a réagi Me Jacqueline Laffont, pour Patrice de Maistre.
Le président du tribunal, Denis Roucou, a insisté sur la "particulière vulnérabilité" de Liliane Bettencourt, 92 ans aujourd'hui. "Ceux des prévenus qui la fréquentaient régulièrement" ne pouvaient l'ignorer et "elle s'est retrouvée à la merci d'hommes en qui elle plaçait sa confiance", a-t-il déclaré.
Le tribunal a décelé "une réelle emprise psychique et morale" de François-Marie Banier sur la femme la plus riche de France, dont les difficultés de discernement "certaines" dès 2006 selon les juges, n'ont cessé de s'amplifier au fil du temps. Aujourd'hui atteinte de la maladie d'Alzheimer et sous tutelle, la vieille dame n'a pas assisté au procès.
- Suspicion, mais pas démonstration -
Concernant les autres prévenus jugés début 2015 dans le volet "abus de faiblesse", le tribunal les a sanctionnés par des peines de prison ferme ou assorties du sursis ou par des amendes sévères.
Les juges ont notamment passé outre les réquisitions de relaxe concernant l'avocat Pascal Wilhelm, successeur de Patrice de Maistre auprès de la dixième fortune mondiale, condamné à la même peine que son prédécesseur.
Moindre sévérité pour l'homme d'affaires Stéphane Courbit, qui avait in extremis trouvé un arrangement avec la famille Bettencourt à la veille du procès en lui remboursant 143 millions d'euros investis dans LOV Group (audiovisuel, énergie, jeux en ligne). Alors que le procureur n'avait relevé contre lui aucun fait "gravement préjudiciable" à Liliane Bettencourt, il devra tout de même verser 250.000 euros d'amende, mais échappe à la prison.
Quant à Eric Woerth, il est relaxé des poursuites de "recel" dans ce volet de l'affaire. Car s'il existe "une forte suspicion de remise d'argent" liquide de Patrice de Maistre au trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy, "la démonstration" n'a pu en être faite, a dit M. Roucou.
Eric Woerth, tout comme Patrice de Maistre cette fois, a été relaxé dans le volet "trafic d'influence" de l'affaire, jugé en mars.
Les deux hommes étaient poursuivis pour avoir conclu un arrangement selon lequel M. Woerth aurait remis la Légion d'honneur à Patrice de Maistre. En échange, ce dernier était soupçonné d'avoir fait embaucher en 2007 l'épouse du ministre, Florence Woerth, dans sa société qui gérait les dividendes de Liliane Bettencourt. Les deux hommes avaient formellement démenti un tel accord.
Les juges ont estimé que si Eric Woerth était bien intervenu "en tant que trésorier de la campagne (présidentielle) de Nicolas Sarkozy" pour faire décorer Patrice de Maistre, dans des "conditions totalement atypiques", "il n'était pas démontré l'existence d'un pacte de corruption dont la contrepartie serait l'emploi de son épouse".
Concernant le dernier prévenu, Alain Thurin, ex-infirmier de la milliardaire, qui avait attenté à ses jours à la veille du procès et n'a donc pas été jugé, le tribunal a annoncé une expertise médicale et la tenue de son procès le 5 octobre prochain.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.