La Grèce et le risque d'une sortie de ce pays de l'euro étaient jeudi au centre des débats des grands argentiers et des dirigeants des banques centrales du G7, tandis que le ton remontait entre Athènes et ses créanciers, au premier rang desquels le FMI.
La directrice du Fonds monétaire international Christine Lagarde, interrogée par le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung en marge de la réunion à Dresde (est), a déclaré que la sortie de la Grèce de l'euro était une "possibilité".
Ces déclarations sonnent comme la fin d'un tabou, alors que les responsables européens scandaient quant à eux jusqu'ici que la "place de la Grèce est dans l'euro".
Un tel scénario "ne serait pas une promenade de santé", mais ne signifierait pas non plus "la fin de l'euro", a dit Mme Lagarde, dont l'institution est vivement critiquée à Athènes ces derniers jours.
Cette mise en garde est le signe d'un nouveau durcissement du ton dans les négociations entre la Grèce et ses créanciers (FMI, BCE, Commission européenne), qui, depuis trois mois, oscillent entre périodes d'accalmie et phases de franche confrontation.
Avant Mme Lagarde, nombre de responsables de haut rang ont, de Dresde, renvoyé dans les cordes les dirigeants grecs, qui veulent croire à l'imminence d'un accord.
Les négociations durent depuis maintenant plus de trois mois, entre la Grèce, financièrement aux abois, et le trio FMI- BCE-Commission européenne, qui juge que les conditions, en termes de réformes et d'engagements budgétaires, ne sont pas remplies pour renflouer ce pays.
- "Encore beaucoup de travail" -
Le Commissaire européen Pierre Moscovici a pour sa part jugé qu'il n'était "pas exact de dire qu'on a fait les trois quarts du chemin" vers un accord, comme l'affirment certains dirigeants grecs, et qu'il restait "beaucoup de travail".
Néanmoins, "on commence à voir des projets de réformes qui ont de la consistance", a estimé le Français au micro de la radio France Culture.
La veille, le gouvernement grec avait fait savoir que la rédaction d'un accord avait commencé, une information vite démentie à Bruxelles et par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.
Dans l'entourage d'un participant à la réunion de Dresde, on affirmait jeudi que "sur le papier il n'y (avait) rien, zéro"
Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des Etats-Unis, du Canada, du Japon, d'Allemagne, de France, du Royaume-Uni et de l'Italie sont présents jusqu'à vendredi dans la capitale saxonne, sur les rives de l'Elbe.
Le dossier grec n'est officiellement pas à l'ordre du jour de la réunion, qui se veut aussi une séance de "brainstorming" avant le sommet du G7 des chefs d'Etat ou de gouvernement les 7 et 8 juin en Bavière.
Mais, à l'exception notable des Grecs, beaucoup des acteurs-clés sont là, dont Mme Lagarde, M. Moscovici, et le président de la BCE Mario Draghi.
Le temps presse, la BCE s'inquiétant dans son rapport semestriel sur la stabilité financière, rendu public jeudi, des effets inflationnistes sur les taux d'emprunt d'autres pays de la zone euro des tergiversations sur la Grèce, et les partenaires des Européens s'impatientant.
- "Mettre les bouchées doubles" -
"Tout le monde doit mettre les bouchées doubles, () et trouver une solution", a plaidé mercredi le secrétaire américain au Trésor Jack Lew.
Les échanges sont particulièrement vifs entre le FMI et Athènes, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis ayant estimé jeudi devant le parlement à Athènes qu'il fallait que ce soit "la dernière négociation avec les institutions".
"Il faut qu'on négocie dorénavant avec la Commission européenne et non pas dans un cadre absurde et non transparent de négociation qui n'est pas conforme aux principes européens", a-t-il lancé.
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