Deux policiers ivres, qui n'étaient pas en service et rentraient d'une soirée à bord d'un véhicule banalisé, ont percuté une camionnette jeudi à l'aube dans le centre de Paris, tuant un livreur de pain de 40 ans.
Le fonctionnaire qui était au volant, un brigadier-chef selon des sources policières, présentait une alcoolémie de 2,13 grammes d'alcool par litre de sang, a indiqué en fin de journée une source judiciaire.
C'est plus de quatre fois le taux légal (0,5 g) et près de trois fois le taux à partir duquel l'alcoolémie au volant devient un délit (0,8 gramme). Ce policier a été placé en garde à vue, tandis qu'un collègue, un lieutenant, qui était sur le siège passager était entendu comme témoin par les enquêteurs, selon la même source judiciaire.
Selon les premiers éléments de l'enquête, les deux policiers, en poste à la police judiciaire (PJ) de Seine-Saint-Denis, revenaient d'une soirée dans une boîte de nuit du VIIIe arrondissement de la capitale, rue Pierre Charron. Il s'agissait de la traditionnelle soirée annuelle d'un autre service de la PJ, un office central.
Remontant le boulevard Sébastopol en brûlant les feux rouges à vive allure, selon des caméras de vidéosurveillance en la possession des enquêteurs, ils ont percuté à 04H15 une camionnette livrant du pain.
Le conducteur, éjecté de son véhicule sous la violence du choc, a été tué.
Dès le matin, des sources policières indiquaient que les deux fonctionnaires, tous deux considérés comme de bons éléments, étaient "manifestement dans les vapeurs de l'alcool" et "tenant à peine debout". Le brigadier-chef, bien noté, était sur le point d'être muté dans la région de Bordeaux.
L'un des deux hommes était d'astreinte, a-t-on précisé de source policière, d'où l'utilisation d'un véhicule de service.
- Un choc "très violent" -
"Si l'enquête judiciaire confirme les premières constatations et révèle un comportement fautif et inadmissible des policiers, il feront l'objet de sanctions disciplinaires d'une très grande sévérité, indépendamment des poursuites pénales", a assuré dans un communiqué le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
"Dans l'attente des conclusions des enquêtes en cours, ils seront immédiatement suspendus", a-t-il ajouté, assurant à la famille de la victime que "toute la lumière sera faite sur cette tragédie".
Les faits semblent "implacables" en l'état des investigations, ont dit les sources policières. "Ils avaient bu plus que de raison" lors de cette soirée festive où se rendent chaque année, dans la même boîte de nuit, des dizaines de fonctionnaires de différents services de la PJ.
Cette affaire pose entre autres problèmes celui des pots et fêtes de service dans la police, a estimé une de ces sources.
"Une trentaine d'agents de police étaient sur place à 6H00. Le Samu arrivé à la même heure est reparti très vite. Au sol, il y avait un corps recouvert d'un drap blanc", a déclaré sur place à l'AFP un témoin ayant souhaité garder l'anonymat.
"Quand je suis sorti de chez moi vers 07H00, j'ai vu le cordon de police, qui avait été mis en place entre le boulevard de Strasbourg jusqu'à Etienne Marcel", a précisé par téléphone un autre, Etienne, qui habite à 300 mètres du lieu l'accident. "J'ai vu une camionnette blanche dont le devant était enfoncé, on sentait que le choc avait été très violent".
En fin de matinée, la police continuait de réguler la circulation sur les lieux de l'accident, les feux de signalisation ne fonctionnant plus. Une journaliste de l'AFP a constaté qu'un boîtier d'alimentation électrique avait explosé et qu'une vitrine de magasin avait été brisée, sans doute sous l'impact.
L'Inspection générale de la police nationale (IGPN, "police des polices") a été saisie de l'enquête, de même que le service de traitement judiciaire des accidents (STJA).
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